Le vieillissement augmente le risque de cancer… mais il peut aussi le diminuer dans le grand âge. Des scientifiques américains et australiens ont investigué le « pourquoi » dans un modèle murin de cancer du poumon. Avec l’âge, nos cellules accumulent les mutations génétiques, ce qui accroît le risque que l’une d’entre elles soit tumorigène. Pourtant, dans le cancer du poumon, après une hausse de l’incidence vers 70 ans, l’âge moyen au diagnostic, la prévalence décline aux alentours de 80-85 ans.
Dans une étude publiée dans la revue Nature, les chercheurs observent que, lorsque les souris vieillissent (deux ans chez la souris équivalent à 65-70 ans humains), la production d’une protéine nommée NUPR1 augmente. Plus elle est présente, plus les cellules pulmonaires vont fonctionner comme s’il y avait une carence en fer (carence en fer fonctionnelle).
Cette modification du métabolisme du fer a un impact direct sur le risque de cancer : elle dégrade le potentiel d’autorenouvellement des cellules alvéolaires souches multipotentes. Ainsi, en réduisant leur capacité à se multiplier, le risque de mutation tumorale est amoindri. Les chercheurs ont d’ailleurs constaté que les souris les plus âgées développaient significativement moins de tumeurs que leurs congénères plus jeunes.
Des perspectives « immédiates » en santé humaine
De plus, l’équipe a réussi à rétablir le métabolisme du fer, soit en régulant la quantité de NUPR1, soit en supplémentant les souris en fer, ce qui a restauré le potentiel de régénération cellulaire. Ces résultats « à double tranchant » ouvrent différentes perspectives en santé humaine.
« Cette découverte peut avoir un potentiel immédiat pour aider les patients », explique dans un communiqué le Dr Tuomas Tammela, coauteur de l’étude, chirurgien et chercheur au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center. Alors que « des millions de personnes, particulièrement depuis la pandémie Covid-19, ont une insuffisance respiratoire », des expérimentations sur des souris ont montré que « donner du fer, que l’on peut aisément délivrer dans les poumons avec des inhalateurs, aide l’organe à se régénérer », développe-t-il. Mais pour les patients les plus âgés, supplémenter en fer les cellules pulmonaires altérerait ce mécanisme protecteur et pourrait augmenter le risque de cancer. Le Dr Tammela avertit alors : « Ce type d’approche n’est probablement pas adaptée aux patients ayant un surrisque de cancer. »
Les médecins doivent être particulièrement attentifs lors d’essais cliniques, aux effets d’un traitement selon l’âge
Xueqian Zhuang, première autrice, postdoctorante au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center
Un autre aspect évoqué : la réponse aux traitements ciblant la ferroptose (par exemple le sorafénib), un mécanisme de mort cellulaire déclenché par le fer. Ces traitements pourraient être moins efficaces chez les patients âgés. « Cela nous indique que, puisque la biologie cellulaire change avec l’âge, la sensibilité aux médicaments est aussi modulée, a commenté Xueqian Zhuang, première autrice et postdoctorante dans le laboratoire du Dr Tammela. Les médecins doivent être particulièrement attentifs lors d’essais cliniques et observer les effets d’un traitement selon que les patients soient jeunes ou vieux ».
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