Deux études publiées à 24 heures d’intervalle analysent de deux points de vue différents la cigarette électronique. Du côté britannique, des experts de santé publique recommandent de donner la possibilité aux généralistes de prescrire la e-cigarette pour lutter contre le tabagisme traditionnel. Du côté américain, une étude démontre que les adolescents utilisant la cigarette électronique ont davantage tendance à se mettre au véritable tabac que ceux n’ayant jamais essayé le « vapotage ».
Une prescription par les généralistes souhaitée en Grande-Bretagne
Le constat mis en évidence par les Britanniques dans leur étude publiée ce mercredi est implacable : les cigarettes électroniques sont 95 % moins dangereuses que les cigarettes traditionnelles (1). Un résultat qui fait d’ailleurs dire au Pr Ann Mc Neill, du King’s college de Londres et co-auteur de l’étude, que les premières peuvent « changer la donne pour la santé publique ». En ce sens, Pr Ken Fenton, responsable au sein de l’autorité sanitaire britannique, juge que « pour certaines personnes qui trouvent difficile d’arrêter (de fumer) en utilisant les méthodes traditionnelles, les cigarettes électroniques peuvent représenter une nouvelle solution ». Si les médecins britanniques ne peuvent actuellement pas prescrire de cigarettes électroniques, les auteurs de l’étude espèrent que l’Agence britannique de contrôle sanitaire (MHRA) leur en donnera bientôt la possibilité. Ken Fenton explique ainsi que « pour le moment, il n’y a pas de produits sous licence pouvant être utilisés pour des besoins médicaux et c’est l’une des raisons pour laquelle nous soutenons la MHRA pour qu’elle s’assure que des cigarettes électroniques sûres et encadrées puissent être proposées pour des besoins médicaux ». Et de poursuivre qu’ « une fois que cela aura été agréé et que nous aurons les produits dans les tuyaux, ils pourront être intégrés à l’arsenal des outils disponibles pour aider les patients à arrêter de fumer ». L’expert britannique ne manque toutefois pas de rappeler que « les cigarettes électroniques ne sont pas complètement dénuées de risque, mais en comparaison avec le tabac, les preuves dont nous disposons montrent qu’elles ne comportent qu’une fraction de sa dangerosité ».
D’une façon générale, les experts britanniques notent qu’il n’y a pas de preuve démontrant que les e-cigarettes incitent les vaporteurs à passer à la cigarette classique. Une conclusion loin de faire consensus, une autre étude, américaine cette fois, montre en effet que les cigarettes électroniques auraient plutôt tendance à inciter les adolescents qui les utilisent à se mettre au tabac.
Des risques de passer au tabac traditionnel chez les jeunes américains
Réalisée sur un échantillon de 2 530 collégiens californiens, l’étude parue mardi dans le Journal of the American Medical Association (2) souligne que les adolescents recourant à la cigarette électronique sont plus enclins à commencer à fumer des cigarettes traditionnelles que ceux n’ayant jamais essayé la première. Un an après le début de l’étude à l’automne 2013, il apparaît que 25 % des « vapoteurs » déclarent avoir essayé le tabac tandis qu’ils ne sont que 9 % chez ceux n’ayant jamais vapoté. Les résultats montrent que les 222 utilisateurs de cigarettes électroniques sont également plus nombreux à avoir commencé à fumer du tabac dans le semestre suivant le début de l’étude que les 2 308 non-utilisateurs (31 % contre 8 %). Pour les auteurs de l’enquête, « ces données fournissent une nouvelle indication que le vapotage paraît lié à un risque accru de commencer à fumer du tabac au début de l’adolescence », ajoutant toutefois que « d’autres recherches sont nécessaires pour établir l’existence d’une cause à effet ». À cet égard, ils ne manquent pas de rappeler que certains de ces jeunes pourraient être plus enclins à « vapoter » avant d’essayer le tabac, pensant les cigarettes électroniques inoffensives ou loin de créer une accoutumance. Les experts déplorent également les campagnes publicitaires des fabricants de e-cigarettes destinées à la jeunesse, en proposant notamment des saveurs attrayantes, et dénoncent le manque de réglementation en matière de vente de ces produits aux mineurs. Lesquelles ont triplé, en an, chez les jeunes américains, dépassant celles des produits conventionnels.
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2- Adam M. Leventhal, David R. Strong, Matthew G. Kirkpatrick, Jennifer B. Unger, Steve Sussman, Nathaniel R. Riggs, Matthew D. Stone, Rubin Khoddam, Jonathan M. Samet, Janet Audrain-McGovern. JAMA. 2015;314(7):700-707. doi:10.1001/jama.2015.8950.
http://jama.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=2428954
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