La vitamine D pourrait bel et bien s’avérer efficace contre le Covid-19. Du moins chez les sujets âgés et particulièrement vulnérables à l'infection à SARS-CoV-2. C’est ce que suggère un essai clinique français coordonné par le CHU d’Angers, COVIT-TRAIL, dont les résultats ont été publiés le 31 mai dans la revue Plos Medicine.
En 2020, la vitamine D a rapidement été avancée comme un élément potentiel du traitement du Covid-19, plusieurs arguments physiopathologiques (effet anti-inflammatoire de la vitamine D, rôle dans la régulation du système rénine-angiotensine, etc.) et quelques études précliniques ou observationnelles ayant suggéré que l'hypovitaminose D pouvait être associée à un risque accru de forme grave de Covid-19, voire de décès, et qu’une supplémentation en vitamine D pouvait au contraire améliorer la survie.
Dans ce contexte, en France, diverses sociétés savantes ont ainsi appelé dès l’hiver 2020-2021 à supplémenter la population face au Covid-19. Et ce, non seulement à visée préventive avant toute infection, mais aussi après la contamination, en recourant alors à de fortes doses de cholécalciférol.
Pallier un manque d'essai clinique
Cependant, l’intérêt réel de la vitamine D contre l’infection à SARS-CoV-2 faisait encore débat. Notamment du fait d'un manque d'essai clinique. Ce à quoi les cliniciens et chercheurs d’une dizaine de centres français ont voulu remédier.
Les chercheurs ont recruté entre avril et décembre 2020 environ 250 patients de plus de 65 ans non préalablement supplémentés en vitamine D. Car comme l'a souligné lors d’une conférence de presse le Pr Cédric Annweiler, chef du service de gériatrie du CHU d’Angers qui a participé à l’étude, « jusqu’à 100 % des personnes âgées sont carencées en vitamine D ». Les volontaires avaient par ailleurs été diagnostiqués Covid + depuis moins de trois jours, n’avaient pas encore développé de forme sévère requérant une prise en charge en soins intensifs, mais avaient au moins un facteur de risque d’aggravation.
Ces participants – hospitalisés ou vivant en Ehpad – ont alors été randomisés en deux groupes. Les patients affectés au groupe interventionnel ont reçu par voie orale moins de 72 heures après le diagnostic une forte dose (400 000 UI) de vitamine D3 - « l’objectif était de permettre une correction rapide, dès le début de la maladie, de la carence en vitamine D », explique le Pr Annweiler. Les malades affectés au bras contrôle ont, eux, reçu une dose standard de cholécalciférol (50 000 UI).
Réduction de la mortalité de près de 60 %
Résultat : « nous avons trouvé que l’administration précoce de 400 000 UI de vitamine D3 (…) à des patients âgés à risque atteints de Covid-19 était associée à une mortalité globale réduite à j14 », se félicitent les auteurs de l’étude. De fait, si 6 % des patients du bras interventionnel sont décédés à j14 après leur inclusion, ce chiffre atteignait 11 % dans le groupe contrôle. Ainsi le Pr Annweiler indique-t-il que l’administration précoce de vitamine D permettrait de réduire la mortalité « de près de 60 % ».
Le tout, pour un profil de sécurité favorable. « Il n'y avait pas de différences significatives entre les groupes dans les événements indésirables d'intérêt », assure l’étude. De plus, aucun participant du groupe interventionnel n’aurait été forcé d’abandonner l’investigation à cause d’effets indésirables.
Au total, cet essai clinique plaiderait pour l'administration de fortes doses de vitamine D3 aux patients âgés fragiles atteints de Covid-19. « Si jusqu’à présent, il existait une présomption scientifique de l’intérêt de la supplémentation en vitamine D, COVIT-TRIAL apporte une preuve scientifique (…) (du fait) qu’il existe bien un bénéfice à supplémenter les personnes âgées fragiles en cas de Covid-19 », insiste le Pr Annweiler. Pour lui, cette supplémentation consiste néanmoins bien en un traitement adjuvant, qui n’a pas vocation à remplacer les corticoïdes, la vaccination, etc.
Un traitement d'entretien nécessaire ?
Toutefois, quelques zones d’ombre demeurent. À commencer par la nécessité de proposer un traitement d’entretien. Car les auteurs de l’essai n’ont pas retrouvé d’effet protecteur de la vitamine D à j28 de l'administration. Ce que le Pr Annweiler explique par la demi-vie – de seulement 14 jours – du cholécalciférol.
Reste aussi à savoir si cette supplémentation pourrait présenter un intérêt pour le reste de la population. Ce dont doute le gériatre au regard du moindre risque de carence en vitamine D et de forme grave chez les sujets plus jeunes.
Enfin, l’étude ayant été conduite en 2020, elle ne permet pas de prévoir l’efficacité de la vitamine D contre Omicron. Cependant, pour le Pr Annweiler, la vitamine D pourrait rester intéressante contre ce variant dans la mesure où des formes graves continuent d’être enregistrées.
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