Cent dix cancérologues -et pas des moindres- publient aujourd’hui une pétition dans Le Figaro pour dénoncer le tarif des médicaments contre le cancer et demander l’instauration d’un " juste prix ".
Parmi les signataires on retrouve notamment, les présidents de l'institut Curie et de l'Institut Gustave Roussy, Thierry Philip et Alexander Eggermont, ainsi que Patrice Viens, président d'Unicancer. On y trouve aussi un ex-décideur de premier plan, Dominique Maraninchi (photo) -qui a été six ans patron de l'Inca et plus de 3 ans de l'ANSM- ainsi que Jean-Paul Vernant, à l'origine du rapport sur le dernier plan cancer. "De nombreuses innovations thérapeutiques apparaissent dans le domaine du cancer. (...) Pourtant, le coût d'abord croissant et maintenant exorbitant de ces innovations risque fort de compromettre ces espoirs", écrivent ces deux derniers.
Selon les cancérologues, le coût de ces médicaments n'est nullement justifié par leur investissement en recherche et développement. Au contraire, "de façon paradoxale, les prix des nouveaux produits explosent alors que le coût de leur R&D a diminué", écrivent-ils. "Alors que les anciens traitements du cancer étaient souvent issus de longs et difficiles screenings plus ou moins systématiques", les nouvelles molécules "visent des cibles définies a priori, et le plus souvent fournies par la recherche publique", soulignent les deux cancérologues.
L’année dernière les spécialistes américains avaient eux-mêmes tiré la sonnette d’alarme sur cette même situation dans leur pays. En s’appuyant sur l’exemple des Etats-Unis mais aussi de la Grande-Bretagne, les signataires redoutent des menaces sur « l’équité d’accès des patients aux traitements innovants ».
Les signataires de la pétition veulent donc définir un " juste prix " basé sur les sommes réellement "investies par les industriels pour la R&D du produit" auquel " s’ajouterait un retour sur investissement raisonnable " et non pas définit comme aujourd’hui " par l’idée que les industriels se font de ce que les marchés sont capables de supporter ". Ils réclament donc plus de transparence en associant dans le système d’arbitrage des prix, les représentants des patients et des professionnels. Enfin ils veulent faire cesser les extensions de durée des brevets « que la rapidité du développement des nouvelles thérapeutiques ne justifie pas ».
Dans l'entourage de la ministre de la Santé, on rappelle que "Marisol Touraine a déjà officiellement mobilisé ses homologues au niveau international" dans le cadre notamment du G7 Santé à Berlin, souligne-t-on. "Cette initiative doit se poursuivre".
Dans un communique le Leem a également réagit à cette pétition. Estimant ces questionnements sur le coût comme "légitimes". Son président Patrick Errard a toutefois estimé que "le coût des innovations ne peut être dissocié des transformations profondes du système de santé qu’elles induisent, et le cas échéant des économies qu’elles rendent possibles". Le Leem invite donc les différents acteurs à un débat "sans oeillères" sur le sujet, et que la définition d'un nouveau modèle de financement passera inévitablement par une révision de notre système en donnant notamment "sa véritable chance à la prévention".
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