L’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (Ansm) vient de délivrer un rapport sur les risques liés à l'utilisation des produits de santé à des fins d'amaigrissement.
Sans surprise, le rapport constate, d’abord qu’il n'existe pas de produit ou méthode "miracle", très efficace et sans effet indésirable. Ensuite, le rapport bénéfice/risque des rares médicaments autorisés dans cette indication est modeste du fait d'une efficacité modérée et d'effets indésirables potentiellement graves. De plus, l'arrêt du traitement médicamenteux s'accompagne d'une reprise de poids.
Par ailleurs, l’ANSM stipule que les dispositifs médicaux invasifs sont réservés à certains patients obèses pour lesquels les bénéfices et les risques sont connus. Le rapport bénéfice/risque d'autres techniques est souvent incertain.
Enfin, le détournement de médicaments non indiqués dans le traitement du surpoids ou de l’obésité est à proscrire : il expose à des risques pour la santé sans bénéfice démontré. Autre constat : La prescription de préparations magistrales dans la recherche de perte de poids n'est pas justifiée. Plusieurs substances actives détournées de leur autorisation de mise sur le marché (AMM) ou plantes ont été interdites dans les préparations.
Ce document rappelle que la prise en charge du surpoids ou de l'obésité est fondée sur l'éducation thérapeutique du patient. Et que l'ajout d'un traitement médicamenteux ne peut être envisagé qu'en dernier recours, en cas de réponse insatisfaisante à ces mesures.
Achat sur internet, attention danger !
De plus, pointe l’ANSM, l'achat de médicaments en dehors du circuit légal, notamment sur Internet, expose à de graves dangers pour la santé. Selon l'OMS, plus de 50 % des médicaments achetés sur des sites internet dissimulant leur adresse physique sont des contrefaçons. Par ailleurs, cette pratique expose au risque de consommer des produits qui n’ont pas été soumis à l’évaluation des autorités sanitaires, dont la provenance, la qualité et la sécurité ne sont pas garanties, notamment des médicaments falsifiés : produits présentés comme des compléments alimentaires anodins alors qu'ils contiennent une ou plusieurs substances actives (ex : sibutramine, phénolphtaléine, fluoxétine), parfois interdites, non mentionnées sur l’étiquetage ; le risque existe aussi d’acheter des médicaments dont l’AMM a été retirée en raison d'un rapport bénéfice/risque qui s’est révélé défavorable (ex : médicaments à base de sibutramine).
L'agence note aussi que les produits à visée amaigrissante sont, parmi les médicaments mis sur le marché qui ne respectent pas la réglementation, les plus couramment rencontrés sur internet. Des effets indésirables graves, en particulier neuropsychiatriques, hépatiques ou cardiaques, et pouvant conduire jusqu’au décès ont été rapportés en association à ces pratiques d’achat de médicaments en dehors du circuit légal.
Les experts pointent aussi que les préparations à base de plantes, souvent perçues comme une approche naturelle, ne sont pas dépourvues de risques. Les normes de qualité propres aux médicaments, y compris ceux à base de plantes, permettent d’éviter ou de limiter les risques pour la santé. L’ANSM appelle donc à la plus grande vigilance face à une offre et des efforts de promotion en constant renouvellement.
Surveillance et retraits du marché
Sous tous ses aspcets, l’Agence tient à souligner qu’elle n’est d’ailleurs pas inactive. Dans le cadre de ses missions, elle a pris des décisions de police sanitaire pour retirer du marché des médicaments indiqués dans le surpoids ou l'obésité en raison d’une balance bénéfice/risque jugée négative (ex : sibutramine, rimonabant) ; et interdire les préparations magistrales contenant des médicaments détournés de leur indication ou certaines plantes à l’origine d’effets indésirables graves, contenues dans des produits revendiquant un effet amaigrissant (ex : Ephedra).
En parallèle, elle met en œuvre des mesures de surveillance et de sanction pour identifier et interdire les contrefaçons et autres falsifications de médicaments, en collaboration avec la justice, les services de police, de gendarmerie et des douanes, spécialisés notamment dans la cyberdélinquance. Elle interdit régulièrement des publicités pour des produits présentés comme bénéfiques pour la santé alors que la preuve de ces allégations ne peut être établie. Elle précise cependant que le contrôle de la publicité ne peut être exhaustif.
Les professionnels de santé doivent déclarer immédiatement tout effet indésirable suspecté d’être dû à un médicament dont ils ont connaissance au centre régional de pharmacovigilance dont ils dépendent géographiquement. Les patients et les associations agréées de patients peuvent également signaler tout effet indésirable à leur centre régional de pharmacovigilance.
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