Comment évaluer la polymédication chez la personne âgée ? La dernière étude de l’IRDES s’attelle à cette tâche compliquée. Et ses résultats aboutissent à une prévalence importante de la polymédication (plus de 10 médicaments) chez les personnes de 75 ans et plus, quoique très variable selon l’indicateur utilisé. Ainsi peut-on l’estimer, selon les chercheurs à 33% ou 40,5%, selon que l’on utilise l’indicateur de « polymédication continue » qui mesure les médicaments pris régulièrement et au long cours ou que l’on retient l’indicateur de « polymédication cumulative », qui prend en compte l’ensemble des produits pris sur une période donnée. Explication des économistes de l’IRDES : « La différence observée entre les deux indicateurs permet de quantifier la part liée aux traitements de pathologies intercurrentes, qui surviennent alors qu’une ou plusieurs autres pathologies sont présentes. »
Leur étude montre pourtant que les facteurs associés à la polymédication ne diffèrent guère selon les indicateurs : ainsi est-elle toujours plus souvent rencontrée chez les femmes ou moins souvent chez les adhérents du RSI. Elle est aussi plus fréquemment rencontrée dans le grand nord de l’Hexagone et quelques départements du centre et moins en Haute Savoie ou en Martinique. Moins surprenant sans doute : le fait d’être en ALD augmente la polymédication. Et encore tout dépend des pathologies, avec l’insuffisance respiratoire, le diabète et le Parkinson dans le tiercé de tête et à l’inverse, la maladie d’Alzheimer en bas de l’échelle de prescription. « Un individu en ALD pour maladie d’Alzheimer serait moins à risque de polymédication, et plus particulièrement moins soumis à des traitements aigus intercurrents », constate les auteurs de l'étude.
Au petit jeu des corrélations, la fréquence des prescriptions hospitalières ou de spécialistes est souvent synonyme d’une plus longue ordonnance. D’une manière générale, l’IRDES observe que plus le nombre de prescripteurs est élevé et plus le risque de polymédication est important. Mais, les chercheurs sont un peu en panne d’explications sur ce phénomène : « ces facteurs pouvant être à la fois des marqueurs d’un certain type de parcours de soins, mais aussi de la gravité de la pathologie, l’interprétation de ces coefficients est délicate. » Enfin, parmi les classes le plus souvent associées à une polymédication, on recense les analgésiques, les médicaments du système rénine-angiotensine-aldostérone, les antithrombotiques, les hypocholestérolémiants, les antiacides, mais aussi les psycholeptiques.
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