Dans la continuité de travaux sur le risque de méningiome associé à certains progestatifs, le groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare de la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam) et de l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) présente de nouveaux résultats sur le désogestrel (75 microgrammes), le lévonorgestrel (30 microgrammes) et la combinaison lévonorgestrel-éthinylestradiol (50-150 microgrammes).
Il ressort de cette étude cas-témoins d’après les données du système national des données de santé (SNDS) que le risque de méningiome opéré entre 2020 et 2023 n’est pas augmenté avec le lévonorgestrel, seul ou en association, quelles que soient les durées d’exposition.
En revanche, pour le désogestrel (Antigone, Optimizette, Cérazette, Elfasette, Désogestrel), l’équipe du Dr Alain Weill, directeur adjoint d’Epi-Phare, a mis en évidence « une augmentation très faible du risque de méningiome chez les femmes de plus de 45 ans, lors d’une utilisation prolongée », rapporte le communiqué de l’ANSM. Ce risque apparaît à partir de 5 ans et est multiplié par 2 au-delà de 7 ans d’exposition. L’agence du médicament tient à souligner que le risque « est cependant très inférieur à celui observé avec la prise d’Androcur (acétate de cyprotérone) de Lutéran (acétate de chlormadinone) et de Lutényl (nomégestrol) ». Aucun risque de méningiome n’a été observé en cas de durée d’utilisation de moins d’un an du désogestrel, « sauf lors d’une utilisation antérieure d’autres progestatifs à risque ».
Globalement, l’étude estime qu’en moyenne, un cas de méningiome intracrânien opéré est observé pour 67 000 femmes exposées au désogestrel, quelle que soit la durée d’exposition, et un cas pour 17 000 femmes exposées plus de 5 ans.
En cas de méningiome, orienter systématiquement vers un neurochirurgien
Compte tenu de ces résultats, les experts du comité scientifique temporaire (CST) réunis par l’ANSM ont émis des recommandations préliminaires « dans l’attente de mesures de réduction du risque à venir début 2025 », indique le communiqué. Pour les professionnels de santé, il s’agit de faire réaliser une IRM de contrôle en cas de signes évocateurs. En cas de découverte d’un méningiome chez une patiente sous désogestrel, il est recommandé d’arrêter le traitement et d’orienter systématiquement vers un neurochirurgien. « En cas d’antécédent de méningiome ou de méningiome existant, une contraception progestative ou un traitement progestatif ne doivent plus être utilisés », précise le communiqué.
Avant toute prescription ou changement de contraception progestative, il est préconisé de vérifier les traitements antérieurs par progestatifs utilisés et leur durée d’utilisation. « Il faudra évaluer avec la patiente la contraception la plus adaptée à sa situation », lit-on. Il est rappelé par ailleurs que la contraception doit être revue annuellement au regard de son âge, de son mode de vie et de ses antécédents et que le désogestrel ne doit pas être utilisé comme traitement hormonal de la ménopause.
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