La prise d’antidépresseurs pendant la grossesse expose-t-elle l’enfant à naître à un risque accru d’autisme ? Alors, qu’au printemps dernier, le JAMA avait publié simultanément trois articles plutôt rassurants, une étude du BMJ relance le débat, suggérant que les enfants concernés pourraient avoir « un léger surisque » de troubles autistiques.
Mené par l’université de Bristol au Royaume-Uni, ce travail a porté sur plus de 254 000 enfants suédois âgés de 4 à 17 ans. Parmi ceux ayant été exposés in utero à un antidépresseur (n = 3 342), la prévalence de l’autisme était de 4,1 % (n = 136) contre seulement 2,9 % (353/12 325) pour les enfants nés de mère ayant une histoire psychiatrique mais ne prenant pas d'antidépresseurs (OR = 1,45).
« L'exposition aux antidépresseurs pendant la grossesse est donc associée à une plus grande probabilité de diagnostic d'autisme chez l’enfant que la seule exposition à un trouble psychiatrique maternel sans antidépresseurs » résument les auteurs.
Ces résultats – qui portent sur un large échantillon d’enfants – tendent donc à montrer que le terrain psychologique maternel ne suffit pas à expliquer les troubles de l’enfant, contrairement à ce qu’avaient pu suggérer certains. Ainsi, pour les auteurs du BMJ, « l'association entre l'utilisation d'antidépresseurs pendant la grossesse et l'autisme, en particulier l'autisme sans déficience intellectuelle, pourrait ne pas être seulement le fait de cofacteurs ».
Les chercheurs soulignent toutefois « qu’en valeur absolue, le risque est limité (plus de 95 % des femmes de l'étude qui ont pris des antidépresseurs pendant la grossesse n'avaient pas d'enfant atteint d'autisme) et que ces résultats ne doivent pas être considérés comme alarmants ».
Alors qu’en Europe 3 à 8 % des femmes enceintes reçoivent des antidépresseurs, ils incitent les cliniciens à relativiser. Ce d’autant, que, même « si l'association entre l'utilisation d'antidépresseurs et l'autisme était établi de façon robuste, seulement 2 % des cas seraient évités si aucune femme ayant des troubles psychiatriques n'utilisait d'antidépresseurs pendant la grossesse ».
Dans un éditorial qui accompagne l’étude, Diana Schendel de l'Université d'Aarhus (Danemark) va dans le même sens et appelle à « peser soigneusement les conséquences importantes pour la santé d’une dépression non traitée ».
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