Aussi hétérogène que complexe, l’asthme touche 6 à 7 % de la population adulte, dont 3,5 à 10 % souffrent d’une forme sévère, à risque d’exacerbations, donc de passages répétés aux urgences voire d’hospitalisations. L’arsenal thérapeutique de ces patients vient de s’enrichir d’un nouvel anticorps monoclonal. Premier apparu dans cette classe thérapeutique, le Xolair ® (omalizumab), ciblant les IgE, trouve son indication dans l’asthme sévère allergique. Le Nucala® 100 mg (mépolizumab) des laboratoires GSK s’adresse à un autre phénotype : il est indiqué dans le traitement additionnel des asthmes sévères réfractaires à éosinophiles de l’adulte. Premier anticorps monoclonal humanisé ciblant les cytokines, le mépolizumab bloque le récepteur de l’IL-5 des éosinophiles. Ce faisant, il en diminue recrutement et activation dans les bronches. Les trois études cliniques randomisées [Dream (Pavord ID et al. The Lancet 2012) ; Mensa (Ortega HG et al. NEJM 2014) et Sirius (Bel EH et al. NEJM 2014)], ont établi les profils d’efficacité et de tolérance sur des patients dont l’asthme demeurait réfractaire au traitement de fond couplant corticoïdes inhalés et oraux. Elles ont montré une baisse significative des crises au cours de l’année, tout en diminuant le recours à la corticothérapie orale.
Médicament d’exception
Recommandée en injection sous-cutanée toutes les quatre semaines, cette première biothérapie anti IL-5, dont la prescription initiale et le renouvellement sont réservés aux pneumologues hospitaliers, demeure un médicament d’exception. Pas seulement à cause de son prix (1027,37 euros le flacon). « Le diagnostic d’asthme est souvent excessif : mucoviscidose de l’adulte, insuffisance cardiaque. Jusqu’à 18 % des patients adressés en centre de référence souffrent d’autre chose », souligne le Pr Camille Taille, pneumologue à l’hôpital Bichat, Paris. Confirmation du diagnostic, recherche des comorbidités, vérification des paliers de traitement : il est en outre impératif de distinguer une maladie mal contrôlée par inobservance (45 % des asthmatiques sévères sont concernés) d’un asthme sévère, puis d’en caractériser le phénotype, « démarche qui prend 6 à 12 mois ». Le traitement sera réservé aux patients qui présentent un taux d’éosinophiles sanguins supérieur ou égal à 300/mL et qui ont souffert d’au moins deux épisodes d’exacerbation – malgré un traitement de fond associant corticoïdes inhalés à forte dose et bronchodilatateur d’action longue (LABA) – ou qui sont soumis à une corticothérapie orale continue depuis au moins six mois.
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