Les personnes âgées consommant des benzodiazépines de demi-vie longue (qui disparaissent de l’organisme en plus de 20 heures) ont un risque augmenté de 60 % de développer une démence (majoritairement de type de la maladie d’Alzheimer) et ce sans que cela ne soit explicable par d’autres facteurs. C’est la conclusion d’une étude de l’Inserm dont les résultats sont publiés dans la revue Alzheimer’s and Dementia et qui a été menée par une équipe de chercheurs de l’Inserm dirigée par Christophe Tzourio (Unité Inserm 897 « Centre de recherche Epidémiologique et biostatistique » à l’Université de Bordeaux).
Les chercheurs se sont basés sur les données issues de l’étude dites des 3 Cités (Bordeaux, Dijon Montpellier), soit 8240 personnes âgées de plus de 65 ans et suivies depuis plus de 8 ans. 830 nouveaux cas de démence ont été diagnostiqués lors du suivi. Une procédure de dépistage et de diagnostic de chaque cas de démence a été mise en place par un comité d’experts. Par ailleurs, l’enregistrement systématique de tous les médicaments consommés par les participants, à domicile, en confrontant les dires du patient avec les ordonnances a été effectué.
« Il y a clairement une différence de signal entre benzodiazépines à durée de vie longue et celles à durée courte. Or les premières, bien que déja identifiées comme dangereuses chez les personnes âgées, notamment en raison du risque de chutes, étaient encore fréquemment consommées,» notent les signataires de l’étude.
Malgré l’absence de certitude sur le mécanisme, selon les auteurs, « le doute est suffisant pour encourager médecins et patients à trouver des formes alternatives pour les troubles du sommeil des personnes âgées qui sont le motif principal de prescription de ces médicaments : conseils hygiéno-diététiques, produits non médicamenteux, et au maximum les médicaments les moins dangereux comme les benzodiazépines à demi-vie courte. »
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