Peut-on considérer le « bore-out » comme une maladie professionnelle ? Si la question n’est pas formellement posée aux prud’hommes de Paris, elle a toutefois été au cœur des débats ce lundi. Ils ont en effet eu à connaître d’un cas d’épuisement professionnel par « placardisation ». En l’occurrence, Frédéric Desnard a été licencié, suite à un arrêt maladie, par l’entreprise où il travaillait depuis huit ans. Pour cet homme, l’origine de ses difficultés remonte à sa « mise au placard », vécue comme une « descente aux enfers insidieuse, un cauchemar » qui lui auraient causé de « graves problèmes de santé : épilepsie, ulcère, troubles du sommeil, grave dépression ». Selon lui, il a été privé de ses attributions « suite à la perte d’un gros contrat pour l’entreprise et d’une restructuration à venir ». « J’ai déprimé, j’avais honte d’être payé à ne rien faire », poursuit le quadragénaire.
Tout comme le « burn-out », le « bore-out » se caractérise par « des symptômes de dépression » décrypte François Baumann, citant des insomnies, une absence de désir, une grande fatigue intellectuelle. Mais contrairement au premier, associé à une suractivité, le second constitue « un syndrome d’épuisement par l’ennui au travail », explique le généraliste. Et ajoute qu’ « il y a un gros problème de reconnaissance derrière ».
Auteur du Bore-out, quand l’ennui au travail rend malade, le fondateur de la Société de Formation Thérapeutique du médecin généraliste (SFTG) souligne : alors que « le ‘burn-out’ est évident car c’est lié à l’excès, le ‘bore-out’ survient plus progressivement » et serait mois aisé à diagnostiquer. Mais il voit une évolution commune aux deux maux, la volonté de les voir reconnus par les institutions au titre de maladies professionnelles. À cet égard, les députés ont d’ailleurs récemment été amenés à se pencher sur un projet concernant le ‘burn-out’. « Il faut démontrer que c’est bien une maladie, une nouvelle forme de souffrance », décrypte François Baumann. Une question dont s’est saisie l’Académie de médecine. « Il y a encore du temps avant la reconnaissance institutionnelle », avance toutefois le généraliste à propos du « burn-out ». Et plus encore pour « le bore-out » dont « une grande part est liée à l’individu » précise-t-il. Sans compter les conséquences financières, pour les entreprises et l’Assurance maladie, qu’auraient de telles qualifications médicales.
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