Au-delà des freins liés à l’image de la maladie et à la difficulté de recueillir la plainte, le débat porte de longue date sur le meilleur outil de dépistage en soins primaires. Si elle constitue le gold standard, « la spirométrie en médecine générale est un vœu pieux, estime le Dr Frédéric Le Guillou, président de l’Association BPCO. Elle exige que le médecin soit équipé et dûment formé. De plus, la spirométrie est “patient et opérateur-dépendant”, et la mesure doit être précédée d’un test de bronchodilatation aux β2 mimétiques inhalés 15 minutes auparavant. Un temps incompressible difficilement compatible avec la durée de consultation. » Pour sa part, l’Assurance maladie semble y croire et a initié une étude pilote. « En Essonne, Gironde et Artois, la Cnam a recruté entre 10 et 20 % des généralistes, sur la base du volontariat, explique le Dr Pierre Gabach, responsable du département des maladies chroniques (Cnam). Ils ont été formés à la spirométrie en présentiel et accompagnés pendant un an par un pneumologue qui évaluait la qualité des courbes. » L’analyse des résultats de cette étude est attendue fin 2019.
Repérage précoce En attendant, les mini-spiromètres (BPCO-6, PiKO-6, etc.), très en vogue il y a quelques années, « peuvent donner une idée de l’obstruction bronchique, estime le Dr Le Guillou. Plus adaptés à la pratique en médecine générale, c’est une première étape, rapide, dans la détection des patients BPCO, avant une orientation vers le pneumologue. » Dans plusieurs études, le Piko-6 a montré qu’il pouvait améliorer la détection précoce de la BPCO.
« Ce ne sont pas des outils diagnostiques mais des outils de repérage, appuie le Pr Roche. Ils sont techniquement fiables. Il faut juste connaître leurs limites : ils sont très “opérateurs dépendants”, d’où un risque de résultats erronés important avec des examens faussement normaux, et de ce fait un sous-diagnostic potentiel. Il faut donc intégrer leurs résultats dans le contexte clinique. Et savoir adresser le patient si ce contexte fait suspecter une BPCO, même en cas de résultat rassurant. »
Depuis 2014, la HAS propose un auto-questionnaire en cinq questions qui permet de déceler les principaux signes d’alerte de la BPCO. L’accent est mis notamment sur la présence d’une toux, la fréquence des épisodes de dyspnée et l’exposition au tabac.
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