Ces chercheurs ont créé une structure qu'ils comparent à une « grenade génétique », porteuse à la fois d'une charge explosive et d'une goupille de sécurité. Cette grenade véhicule une toxine qui n'est activée qu'en présence d'une molécule spécifique de la bactérie ciblée : cela permet de tuer les bactéries pathogènes sans s'attaquer aux bonnes bactéries de la flore intestinale.

Cette arme génétique est délivrée grâce à un mécanisme propre aux bactéries, qui s'échangent des gènes via un processus appelé « conjugaison ». Les chercheurs ont affiné leur arme pour qu'elle puisse cibler uniquement les souches de bactéries résistantes aux antibiotiques, porteuses de gènes particuliers.

Sur Vibrio cholerae

Le mécanisme a été testé sur Vibrio cholerae, qui a pour hôtes naturels certains poissons et crustacés. Les chercheurs ont ainsi réussi à tuer spécifiquement cette bactérie chez le poisson zèbre et des larves de crustacés.

« De plus, les vibrios regroupent un grand nombre d'espèces pathogènes pour l'homme (V. parahaemolyticus, V. vulnificus), mais aussi pour les animaux aquatiques, poissons, huîtres, crevettes, pour lesquels on pourrait appliquer facilement notre approche », détaille Didier Mazel pour l'AFP.

« Le système est en place et peut être facilement adapté à d'autres bactéries », poursuit le chercheur, selon qui « le vrai défi est maintenant d'améliorer le processus de délivrance » par conjugaison.