En France, en dehors des porteurs de pathologies graves, notamment intestinales, on retrouve d’avantage chez les enfants des déficiences nutritionnelles (sans signe clinique patent), que des carences proprement dites (avec signes cliniques). Et ces déficiences sont variables en fonction de l’âge de l’enfant. Tels
sont les constats que développe le Dr Jean- Pierre Chouraqui (gastro-pédiatre, CHU de Grenoble).
Avant l’âge de quatre mois, les nourrissons ne présentent aucune déficience alimentaire. Leurs besoins sont comblés par les laits maternels ou industriels. A l’exception toutefois des nourrissons de mère végétalienne ou végétarienne strictes (sans lait et sans œufs) ou allaités par des femmes suivant ces régimes, qui sont à haut risque de carences en vitamine B12 et en fer (présents dans les viandes). Mais ces situations sont rarissimes . Ces femmes doivent alors être supplémentées en vitamines du groupe B. « Les franges populationnelles les plus à risque de carences majeures (oligo-éléments, calcium, fer, protéines) sont les enfants de mères qui mangent “bio“ et donnent à leurs enfants des ersatz de lait comme le “lait de riz“ ou “le lait d’amandes“ », pointe le Dr Chouraqui. Un rapport de l’Anses de février 2013 a d’ailleurs été consacré au problème posé par ces « laits » végétaux vendus en dehors des filières pharmaceutiques et qui ne sont pas destinés aux nourrissons.
De quatre mois à trois ans, lorsque la diversification alimentaire a été initiée, la principale déficience retrouvée concerne le fer. Des chiffres relativement anciens, mais les seuls dont on dispose, mettaient en évidence cette déficience chez 30% des enfants français âgés de quatre mois à un an. Elle se manifeste par des infections fréquentes puis, plus tard, par un retentissement cérébral avec retard scolaire, une baisse des performances physiques, un défaut de croissance et, éventuellement, une anémie.
Les enfants déficients en fer présentent différents profils : ceux qui sont toujours au lait maternel après quatre mois (et qu’il convient de supplémenter selon les dernières recommandations de l’Académie américaine de pédiatrie) ; ainsi que ceux qui sont sevrés trop tôt des laits industriels (lait de 2e âge ou lait de croissance). La plupart des pédiatres nutritionnistes sont en faveur des laits de croissance pour cette raison.
Autre déficience parfois mise en évidence dans cette tranche d’âge : celle touchant le zinc. On ne dispose pas d’étude française sur le sujet, mais des études anglaises la retrouvent avec une prévalence de 10%. En cause : une insuffisance de consommation de viande et de poissons. Une supplémentation en zinc sera préconisée.
Supplémenter en vitamine D
Il faut noter que certains enfants ne reçoivent pas de vitamines D, contrairement aux recommandations en vigueur : ils présentent alors une déficience en ce nutriment. Elle s’exprime par une déminéralisation osseuse, voire un rachitisme, et un défaut de croissance. Là aussi, une supplémentation s’impose.
Enfin, toujours dans cette tranche d’âge, le passage trop précoce au lait de vache entraine des déficiences multiples : en fer, en zinc, en vitamines. Si le lait de vache est demi-écrémé, les enfants peuvent en outre présenter un retard de croissance (c’est la principale cause de ralentissement de la courbe de poids après l’âge de six mois). Un retour au lait de croissance est alors nécessaire.
Après l’âge de trois ans, un certain nombre d’enfants vont devenir déficients en fer (ou le rester, s’ils l’étaient déjà). Cette déficience s’aggrave à l’adolescence. Elle est en général due à une insuffisance de consommation de viande et d’œufs.
Faut-il ou non supplémenter l’enfant en vitamine D, tout au long de la croissance et de l’adolescence (jusqu’à 18 ans pour les filles, à 20 ans pour les garçons) ?. La question est actuellement en débat. « C’est la direction vers laquelle on s’oriente actuellement, pour assurer la meilleure minéralisation osseuse possible, mais on est loin de ces bonnes pratiques. Des études suisses et américaines montrent ainsi que beaucoup de jeunes filles de 16 à 18 ans souffrent de déminéralisation osseuse, qui fera plus tard le lit de l’ostéoporose », regrette le Dr Chouraqui.
Article précédent
« Le rapport au savoir est devenu extrêmement douloureux pour les enfants »
Article suivant
À chaque âge ses problèmes de peau
Pr Israel Nisand : « Tant que rien ne sera fait, la France stagnera à 220 000 IVG annuels »
« Le rapport au savoir est devenu extrêmement douloureux pour les enfants »
Des déficiences courantes en fer et en vitamine D
À chaque âge ses problèmes de peau
Un nouvel éclairage
Rythmes scolaires et santé : les généralistes ne croient pas à la réforme
Vaccination anti-rotavirus : le débat bientôt tranché ?
Contraception de l’adolescente : la nouvelle donne
Quid des traitements médicamenteux ?
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité