Se réveiller pour uriner pendant la période principale de sommeil, telle est la définition de la nycturie, actualisée en 2019 pour inclure les personnes travaillant de nuit.
En présence de symptômes classiques, on pense souvent en premier lieu à une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP). Cependant, comme l’a rappelé le Dr François Hervé (hôpital universitaire de Gand), d'autres causes fréquentes doivent être envisagées. « Car la nycturie est considérée comme un symptôme lié à la phase de remplissage vésical, impliquant donc d’autres mécanismes que ceux liés à la seule prostate. Les reins peuvent également jouer un rôle et, d’ailleurs, les cas de nycturie sans polyurie nocturne sont relativement peu fréquents. »
En fait, la nycturie peut s'expliquer par trois mécanismes principaux. Le premier est une faible capacité de la vessie, qui peut être causée par une hyperactivité vésicale ou une obstruction sous-vésicale. Les deux autres sont la polyurie globale (production urinaire supérieure à 40 mL/kg/24 h) et la polyurie nocturne, caractérisée par une proportion de plus de 33 % de la production urinaire totale sur 24 heures survenant pendant la nuit.
Quatre profils distincts
« Nous avons mené une étude et identifié quatre profils de polyurie nocturne, indique le Dr Hervé : un profil mixte, retrouvé dans près de 50 % des cas, un profil uniquement "eau libre" avec une diurèse aqueuse pendant la nuit (20 %), un profil uniquement sodé (diurèse sodée nocturne) (20 %), et un profil indéterminé dans environ 10 % des cas. » Bien qu’intéressant du point de vue physiopathologique, dans la pratique courante, le protocole complexe pour classer le type de nycturie n’est pas recommandé, et ne modifierait pas le traitement.
La prise en charge inclut des modifications comportementales (réduire les apports alimentaires en eau, adapter les modes de cuisson des légumes, uriner avant de se coucher, éviter les diurétiques en soirée), suivies de traitements médicamenteux. Rien n’étaye vraiment les mesures comme le port de bas de compression, l’activité physique ou la perte de poids. Les traitements sont la desmopressine – la référence pour la polyurie nocturne – et la pression positive continue dans le cadre du syndrome des apnées du sommeil. La desmopressine réduit le volume urinaire nocturne en augmentant la réabsorption d’eau. Cependant, elle nécessite une vigilance particulière chez les plus de 60-65 ans en raison du risque d’hyponatrémie.
« En fin de compte, traiter la nycturie revient souvent à traiter une polyurie nocturne », résume le Dr Hervé. Pour autant, « les patients attendent en moyenne deux ans entre la première consultation et la prescription d’un traitement efficace, un retard qui s’explique en partie par l’omniprésence de l’HBP dans les esprits ».
D’après la session EA 12 : Nycturie, quand c’est TOUT sauf la prostate
Article précédent
HBP : l’adénomectomie par voie haute a-t-elle vécu ?
Article suivant
Sténoses urétrales, le défi du diagnostic précoce
Cancer de la prostate : ces hommes à risque de forme agressive
HBP : l’adénomectomie par voie haute a-t-elle vécu ?
Nycturie masculine, chercher la cause !
Sténoses urétrales, le défi du diagnostic précoce
Sgum : œstrogénothérapie locale ou THM ?
Nouveau rendu pour l’ECBU
SMS du congrès AFU 2024
Maladie de Charcot : les troubles du sommeil précéderaient l’apparition des symptômes moteurs
Recherche
Cohorte ComPaRe : cinq ans d’enseignements tirés des patients
Traiter l’obésité pédiatrique améliore la santé cardiométabolique à long terme
Moins d’épisiotomies ne signifie pas plus de lésions des sphincters de l’anus