Selon l’OMS, 25 000 décès seraient attribuables chaque année aux bactéries multirésistantes en Europe. Une situation non contrôlée qui s’accompagne d’un essoufflement majeur du développement des nouveaux antibiotiques. Et oblige à repenser les comportements de prescription. Ainsi qu’à tenter de développer des traitements anti-infectieux différents. Le Pr Vincent Jarlier (CHU Pitié-Salpêtrière, Paris) a rappelé, le 4 mars, que l’apparition de résistances s’est faite en vagues successives, suivant de près la mise sur le marché des nouveaux antibiotiques.
La solution au problème des multirésistances, passe, selon le Pr Jarlier, par un meilleur contrôle des prescriptions d’antibiotiques. Il rappelle que la consommation d’antibiotiques est en France quatre fois plus supérieure à celle de la Hollande, de la Suède et de la Belgique, pays où l’on utilise également moins les quinolones et d’avantage les sulfamides. Il insiste aussi sur la nécessité de l’usage plus fréquent par les équipes hospitalières de solutions hydro-alcooliques encore sous-employées.
Une utilisation thérapeutique des phages
Autres pistes développées par le Pr Tattevin (CHU de Pontchaillou) : l’extension de l’utilisation des traitements innovants anti-infectieux non antibiotiques. Au premier rang desquels l’utilisation thérapeutique des phages.
Une étude a montré l’efficacité de ces virus qui se fixent sur les bactéries et les lysent, dans le traitement de 24 patients atteints d’une otite chronique à Pseudomonas aeruginosa. Les phages ont aussi obtenu de la Food and Drug Administration (FDA) une autorisation pour la décontamination spécifique des aliments à risques. Ils sont actuellement testés comme agents de résolution des épidémies de choléra.
L’emploi des bactériocines, peptides antibactériens produits par certaines bactéries est également à l’étude, notamment dans le traitement de la vaginose bactérienne à Gardnerella vaginalis et de la colite à Clostridium difficile. Les oligonucléotides anti-sens, inhibant les facteurs de virulence des bactéries pathogènes, constituent encore une voie de recherche. En 2013, l’un d’entre eux, le miravirsen a démontré, dans une étude publiée par le New England Journal of Medicine une efficacité contre le virus de l’hépatite C en monothérapie. Ils sont explorés en 2014 dans le traitement des fièvres hémorragiques à Ebola ou Marburg. Si les immunomodulateurs se sont révélés décevants dans le traitement curatif des maladies infectieuses, d’autres thérapies, plus « archaïques » continuent de retenir l’attention des chercheurs.
Asticothérapie pour la détersion des plaies et des ulcères
La transplantation fécale (administrer les selles d’un donneur sain à un receveur malade pour corriger les dysfonctions de sa flore intestinale) a fait ses preuves dans le traitement des colites à Clostridium difficile multirécidivantes, sévères ou réfractaires aux traitements usuels. Aussi peu ragoûtante, l’asticothérapie (utilisation de larves de mouches dans le traitement de plaies chroniques surinfectées) a reçu une ATU de l’Afssaps en 2006 dans l’indication de « détersion et cicatrisation d’ulcères et plaies d’origine diabétique ou autre ». Enfin, l’apithérapie utilise des miels prétraités par filtration et irradiation gamma, pour détruire certains pathogènes comme le Clostridium botulinum.
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