Avec 59 départements désormais touchés et 913 cas déclarés dont un décès et depuis le 6 novembre 2017, les autorités sanitaires prennent très au sérieux la recrudescence de la rougeole observée en France. La Nouvelle Aquitaine qui concentre 50 % des cas déclarés, n’est plus la seule région touchée par des foyers épidémiques, PACA, la Bretagne et les Pays de Loire l’ont rejointe.
Une extension rapide de l'épidémie
Les autorités sanitaires prennent la situation très au sérieux. À l’occasion d’une conférence de presse organisée ce mercredi par le ministère avec Santé publique France, le Pr Jérôme Salomon, infectiologue fraîchement nommé directeur général de la Santé, reconnaît le risque d’une extension épidémique assez rapide à l’ensemble de la France : « L’augmentation rapide du nombre de cas observée depuis les trois dernières semaines (environ 300 cas) fait craindre une épidémie d’ampleur importante. Et aucun département n’atteint actuellement le taux requis pour interrompre la circulation du virus de 95 % de couverture vaccinale à 2 ans pour les 2 doses de vaccin ». Ce taux pour la seconde dose de ROR varie de 62 % à 88 % selon les départements. Or la rougeole fait partie des maladies les plus contagieuses, un seul individu pouvant contaminer 15 à 20 personnes séronégatives.
Dans ce contexte, « nous vous rappelons l’importance de la vérification systématique du statut vaccinal vis-à-vis de la rougeole de toute personne née après 1980 et particulièrement les enfants de 1 à 4 ans, les adolescents, les jeunes parents et les femmes en âge de procréer. »
« Les nourrissons de moins d’un an qui ne sont vaccinés qu'à partir de 12 mois selon le calendrier vaccinal payent le pris fort de cette épidémie avec l’incidence la plus élevée de 7,5 pour 100 000 », pointe Daniel Lévy-Bruhl (Santé Publique France). Outre la protection individuelle, la vaccination assure une protection de groupe qui met à l’abri les enfants non ou pas totalement vaccinés, les femmes enceintes et les immunodéprimés dont la rougeole se complique souvent de pneumopathies ou d’encéphalites.
Activation du dispositif de gestion de crise
D’ores et déjà, la DGS a activé le niveau 2 de son dispositif général de gestion de crise, à savoir la mise en œuvre du centre opérationnel de réception et de régulation des urgences sanitaires et sociales (CORRUSS) qui assure notamment la coordination des messages d’alerte diffusés aux niveaux européen et international et procède, le cas échéant, à la gestion de l’événement au niveau national puis à la transmission d’informations aux autres administrations, agences ou ARS concernées.
Les bons réflexes devant un cas suspect
Dans la recommandation qu’elle adresse ce jour aux médecins, pour tenter d'enrayer une aggravation de l'épidémie, la DGS rappelle les mesures immédiates à prendre devant un patient suspecté de rougeole.
La mise en œuvre des mesures barrières suivantes est nécessaire :
- assurer, dans la mesure du possible, la prise en charge du patient à domicile ;
- privilégier les prélèvements biologiques à domicile s’ils étaient nécessaires ;
- isoler le patient, lui faire laver les mains et porter un masque chirurgical ;
- assurer la protection individuelle du professionnel de santé par des mesures de protection de type « air » ;
- rappeler à l’entourage du patient les règles d’hygiène (solutions hydro-alcooliques) ;
- recommander l’éviction de la collectivité jusqu’à 5 jours après le début de l’éruption ;
- aérer les zones de présence du patient car la transmission aérienne du virus reste possible jusqu’à 2 heures dans un espace clos après son départ.
La vaccination de l’entourage dans les trois jours des cas contact s’impose si elle est nécessaire.
Pour Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé il existe un début d'épidémie nationale de la #rougeole en France. @santeprevention pic.twitter.com/XRa6a7A3HL
— Le Généraliste (@LeGene_hebdo) 14 mars 2018
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