Depuis le 6 janvier, les médecins généralistes corses des deux centres de consultations SOS Médecins d’Ajaccio et de Cavone ont cessé leur activité « jusqu’à nouvel ordre » pour dénoncer les « multiples agressions et incivilités » survenues ces derniers jours. Cette situation est liée à deux modifications du fonctionnement de la structure locale imposée par la nouvelle convention médicale signée en juin entre les syndicats de médecins libéraux et la Cnam. D’une part, si les médecins souhaitent être correctement rémunérés par l’Assurance-maladie, ils ont tout intérêt à soigner des patients qui sont orientés par le centre 15. D’autre part (hors urgence médicale et régulation par le 15), les consultations de tous les centres de consultations de SOS médecins devront obligatoirement faire l’objet d’un rendez-vous. Jusqu’ici, certains centres, donc les Corses, avaient une autre pratique.
Incompréhension des patients
Sur l’île de beauté, l’organisation locale proposait jusque-là un système mixte : les consultations se faisaient soit sur rendez-vous, soit en accès libre. « Depuis le début de l’année, l’antenne corse a décidé d’appliquer strictement la règle conventionnelle, reconnaît le Dr Philippe Paranque, président de SOS Médecins France. Cela a été un changement un peu brutal pour la population qui n’était pas informée ». D’où des « agressions verbales » proférées par des patients qui s’étaient présentés sans consultation régulée. « Nous ne sommes en rien responsables des effets néfastes de la mise en place de la nouvelle convention médicale et de la politique restrictive et inadaptée aux besoins de la population », se justifie SOS Médecins d’Ajaccio dans un message publié sur les réseaux sociaux.
« C’est une question quasiment de survie de l’équipe
Dr Philippe Paranque, président de SOS Médecins France
La décision de la structure corse ne surprend pas le Dr Paranque, fraîchement élu à la tête de SOS Médecins France. « C’est une question quasiment de survie de l’équipe, analyse le généraliste. Nous avons déjà du mal à trouver des médecins qui veulent travailler la nuit, les week-ends. Nous ne pouvons pas laisser nos confrères s’exposer à ces violences. Il faut faire réagir les pouvoirs publics. » Et des actions existent pour débloquer la situation corse. À commencer par un financement de l’ARS permettant aux centres de consultations de SOS Médecins d’Ajaccio d’avoir « des vigiles » à l’entrée. « Il faut aussi que l’ARS et la caisse primaire de l’assurance-maladie expliquent sans aucune ambiguïté à la population que l’accès aux soins non programmés est un accès régulé », ajoute le Dr Paranque.
Plus globalement au plan national, le président de SOS Médecins France plaide en faveur d’une « communication » claire vis-à-vis de la population « afin de prioriser les ressources médicales disponibles pour les patients qui en ont le plus besoin ». « Quand on est un adulte jeune en bonne santé et qu’on a 39 ° de fièvre, en pleine épidémie de grippe, on n’a pas besoin de bloquer un créneau de consultation de SOS Médecins. On peut attendre 48 heures ou 72 heures car en règle générale, le problème se règle tout seul », conclut le Dr Paranque.