Avec un bénéfice en survie démontré par rapport à l'évérolimus, le nivolumab est recommandé en Europe et disponible en France, depuis 2016, dans les cancers du rein avancés après échec d'un anti-angiogénique. L'essai NIVOREN GETUG AFU 26, présenté au congrès de l'ASCO Genitourinary (ASCO GU) par le Dr Laurence Albiges, a évalué cette fois-ci en vie réelle l'efficacité et la tolérance du nivolumab (1).
La plus grande étude prospective évaluant le nivolumab en monothérapie
Dans 26 centres en France, 720 patients, en échec depuis au moins un an à un antiangiogénique et avec tous types de comorbidités, ont été inclus sur 18 mois dans cet essai prospectif porté par le groupe d'étude des tumeurs urogénitales d'Unicancer (GETUG). « C'est la plus grosse étude prospective évaluant le nivolumab en monothérapie. Dans cette population générale en vie réelle, la toxicité du nivolumab (17,3 % d'effets secondaires de grade ≥ 3) est superposable à celle retrouvée dans l'essai d'enregistrement CheckMate 025. De même, un bénéfice équivalent en termes de taux de réponses (21 %) et de survie globale (24 mois) est également retrouvé », explique la Dr Laurence Albiges, responsable du comité de cancérologie génito-urinaire à Gustave Roussy. Après deux ans de suivi, la survie sans progression atteignait 3,2 mois et la survie globale à un an était de 69 %.
Mieux gérer le traitement en pratique
Cette étude apporte également des informations supplémentaires sur les effets secondaires (temps jusqu'à leur survenue, profil…) et sur les classifications pronostiques permettant d'évaluer l'espérance de vie des patients. « Cela permet de mieux comprendre ce que l'on peut attendre de ce traitement et comment le gérer au quotidien. Nous nous sommes notamment aperçus que dans 47 % des cas le traitement par nivolumab était maintenu même s'il existait une progression radiologique. Il existe donc parfois des réponses dissociées, associant un bénéfice clinique à une progression radiologique minime pour laquelle le traitement en cours est conservé ». Parmi l'ensemble des patients inclus, 59 % recevaient ensuite une autre ligne de traitement, le plus souvent du cabozantinib (27,5 %) ou de l'axitinib (12,9 %). La durée de traitement sous nivolumab, jusqu'à la ligne ultérieure, était en moyenne de 8,1 mois, révélant ainsi un bénéfice clinique important.
Quelles conséquences liées à l'évolution de la première ligne ?
Le changement de stratégie en cours concernant le traitement de première ligne risque de bouleverser la deuxième ligne. Avec l'arrivée à venir des combinaisons à base d'immunothérapie en première ligne, double immunothérapie (nivolumab-ipilimumab) ou en association à un anti-angiogénique (pembrolizumab-axitinib), le recours au nivolumab en seconde ligne pourrait-il devenir moins courant ? « En effet, suite à une double immunothérapie en première ligne, un antiangiogénique pourrait être privilégié en deuxième ligne. S'il s'agit de l'association immunothérapie et antiangiogénique en première ligne, une molécule avec un autre mécanisme d'action ou un antiangiogénique à plus large spectre pourraient alors être proposés en seconde ligne », note la Dr Albiges.
D’après un entretien avec la Dr Laurence Albiges, responsable du comité de cancérologie génito-urinaire à Gustave Roussy
(1) Albiges L. et al. Final Analysis from the NIVOREN GETUG AFU 26 Study ; ASCO GU 2019
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