C’est une piste d’avenir pour augmenter le nombre de greffes en France. Depuis 2014, un certain nombre de centres hospitaliers en France, autorisés par l’Agence de la biomédecine, peuvent faire des prélèvements d’organes dans le cadre du protocole dit de Maastricht III (M3). "Celui-ci concerne le prélèvement d’organes sur des personnes décédées par arrêt circulatoire, après une décision de limitation ou d’arrêt des thérapeutiques actives dans un service de réanimation", indique le Dr Julien Branchereau, urologue au CHU de Nantes et membre du comité de transplantation de l’Association française d’urologie.
Dans certains pays, cela fait plus de trente ans que ce protocole est en vigueur. Ce type de prélèvements leur a permis, selon l’Agence de la Biomédecine, une augmentation de 10 à 40 % du nombre de greffons disponibles, principalement des reins, mais aussi, dans certains pays, des foies, des poumons ou des pancréas.
En France, il a fallu attendre le vote de la loi Leonetti de 2005 sur la fin de vie pour se lancer dans cette voie. « Cette loi a interdit l’obstination déraisonnable et précisé les conditions de limitation ou d’arrêt des thérapeutiques dans les services de réanimation », précise le Dr Branchereau. Ensuite, le protocole Maastricht III a été mis en place après une longue réflexion menée par les sociétés savantes de réanimation, le Conseil d’orientation de l’Agence et le Comité national d’éthique. « Tout l’enjeu est d’assurer une complète étanchéité entre les équipes de réanimation et les équipes de prélèvement », souligne le Dr Branchereau. En effet, une décision collégiale visant à limiter ou arrêter les traitements ne peut en aucune façon être prise dans l’optique de faire un prélèvement d’organes. Il serait inacceptable sur un plan éthique que la perspective de pouvoir greffer un patient inscrit sur une liste d’attente conduise les médecins à accélérer l’arrêt des traitements chez une personne en fin de vie.
Un protocole français aussi efficace qu’encadré
En France, un protocole très strict a été mis en place par l’Agence de la Biomédecine. « Dans les autres pays, une fois que le décès du patient est constaté, celui-ci est emmené très vite au bloc pour que soient prélevés les organes. En France, on procède différemment. Une fois que le décès est constaté par l’équipe de réanimation, l’équipe de prélèvement va mettre en place une circulation régionale normothermique qui permet de vasculariser les organes et de les conserver en bon état, le temps d’aller au bloc sans précipitation », explique le Dr Branchereau.
Selon lui, cette technique, principalement utilisée en France, permet d’obtenir de très bons résultats : « On est même meilleurs que les pays qui font du Maastricht III depuis longtemps. À Nantes, les 48 transplantations de reins issus de donneurs M3 faites dès le début du protocole offrent des résultats quasi similaires à celles faites à partir de donneurs vivants. C’est un très bon protocole, mais on pourrait peut-être, à l’avenir, envisager d’élargir certains critères sur l’âge des donneurs ou sur l’ischémie. »
D’après un entretien avec le Dr Julien Branchereau, urologue au CHU de Nantes, membre du comité de transplantation de l’AFU, du suivi Maastricht III de l’Agence de la Biomédecine et du board européen de transplantation rénale
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