Un livret visant à aider les urologues à réduire le bilan carbone de leurs interventions vient d'être publié par la commission développement durable de l'Association française d'urologie (AFU), à l'occasion du 116e congrès d'urologie qui se tient à Paris jusqu'au 19 novembre. Il a été rédigé sous la direction des Drs Richard Mallet (hôpital privé Francheville de Périgueux) et Thomas Polguer (Hôpitaux Drôme Nord de Romans-Sur Isère).
« Lorsque nous avons lancé la commission en 2020, la première chose que l'on a constatée, c'était une absence de standards », explique le Dr Mallet. En France, les dernières données du Shift Project estiment que le secteur de la santé représente une émission de près de 50 millions de tonnes de carbone par an, soit 8 % des émissions nationales. « Si le secteur de la santé était un pays, il serait au 12e rang mondial des émetteurs de gaz à effet de serre », illustre l'urologue. Les hôpitaux français génèrent environ 700 000 tonnes de déchet chaque année.
Les déchets du bloc, premier levier d'action
Dans le livret, c'est le levier de la gestion des déchets que les urologues sont invités à actionner. Dans une revue de la littérature publiée en février 2022, les membres du groupe d'étude de l'AFU avaient classé l'impact des sources d'amélioration de la soutenabilité de l’activité opératoire. Un tri correct des déchets arrivait en premier, suivi du réemploi d'une partie des déchets, d'un changement dans les pratiques de stérilisation, de la récupération des gaz d'anesthésie et des économies d'énergie.
L'objectif du livret est donc de fournir les outils pour réduire la quantité de déchets d'activités de soins à risques infectieux (Dasri) - dont le traitement coûte 854 euros la tonne et dégage 934 kg de CO2 par tonne -, et ce par plusieurs moyens. Le premier consiste à trier correctement les déchets : une partie d'entre eux finissent dans les collecteurs Dasri alors qu'ils pourraient être éliminés en tant que déchets d'activité de soin non dangereux (DASND), dont le traitement d'une tonne coûte 100 euros et dégage 362 kg de CO2.
« Il existe une nouvelle politique de tri qui n'est pas forcément bien connue », indique le Dr Mallet. Le livret s'accompagne de visuels explicatifs à placarder dans le bloc opératoire, précisant les nouvelles consignes de tri et fournissant des QR codes orientant vers des podcasts thématiques sur le traitement des déchets et les techniques de tri en bloc opératoire. « Auparavant, tout ce qui était coupant, tranchant, piquant ou qui était souillé de sang partait en Dasri, se souvient le Dr Mallet. C'était une aberration ! Une serviette hygiénique usagée ne présente pas un risque infectieux majeur, une compresse utilisée en bloc opératoire non plus. Désormais, seuls les objets vraiment très très imbibés doivent aller en Dasri, ou les objets pour lesquels il y a un réel risque infectieux connu. »
Monter des équipes de choc
Le livret comprend donc une sorte de mode d'emploi : comment créer une équipe « Slim Dasri » au sein du bloc opératoire, comment lui fixer des objectifs, quelles stratégies de communication adoptée, apprendre à rester factuel sans générer d'écoanxiété, intégrer pharmaciens, médecins, paramédicaux, cadres hospitaliers et hygiénistes, responsables des achats, etc. Tous les textes de références ainsi que le cadre législatif français sont également cités.
« Le but des groupes qui vont se constituer dans les hôpitaux sera de progressivement remplacer une partie des Dasri par des poubelles de tri, prédit le Dr Mallet. Au-delà de ça, ils peuvent entreprendre d'autres projets visant à favoriser les déplacements bas carbone ou à réorienter les politiques d'achat. D'ici à la fin de l'année, nous allons publier un autre manuel destiné à aider les urologues à améliorer l'ensemble de leurs pratiques dans tous les domaines (NDLR : économies d'énergie, usages raisonnés d'internet, du Wifi et du stockage de données, réemploi de matériels informatiques). »
La commission développement durable de l'AFU milite pour la mise en place d'un écolabel spécifique au matériel médical, afin d'aider les centrales d'achat et les pharmacies hospitalières à faire adopter une politique d'achat plus durable.
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