Le cancer de la vessie est caractérisé par un risque élevé de récidive. Lors de leur découverte, 75 % des tumeurs de vessie sont superficielles et 25 % infiltrantes d’emblée.
Deux formes superficielles sur trois récidiveront, dont environ 15 % sur un mode infiltrant. Le suivi est fondé sur la cytoscopie et sur l’ECBU répétés. L’ECBU est non invasif, peu coûteux, facile à réaliser. Sa spécificité est élevée mais il est peu sensible pour les lésions de bas grade. De plus l’ECBU et la cytoscopie sont subjectives et les résultats sont observateur-dépendants. Des marqueurs biologiques objectifs sont donc nécessaires et si certains marqueurs sensibles ont déjà été décrits, ils sont peu spécifiques. Ils peuvent entraîner des faux positifs en cas d’infection urinaire ou d’inflammation. Or, dans les cellules tumorales, l’activité de la TERT (télomérase transcriptase reverse) est accrue. En effet, dans les cellules vieillissantes ou endommagées, la baisse de l’activité de la TERT entraîne un raccourcissement des télomères et une induction de la mort cellulaire par sénescence. F. Descotes et coll. (CHU, Lyon) ont montré que la présence de mutations sur une enzyme permettait de prédire la récidive d’un cancer de la vessie de façon plus sensible que les méthodes actuelles (Descotes F, et al. Br J Cancer 2017; 117(4): 583-7). Les auteurs ont inclus dans leur étude 348 patients présentant un cancer de la vessie, et 167 patients dans le groupe témoin. La mutation de la TERT, marqueur de la récidive, a été comparée à la cytologie et la cytoscopie. La sensibilité du test TERT a été de 80,5 % et sa spécificité de 89,8 %. En cas de lésions de bas grade, la sensibilité du test a été de 74,3 %. Ni l'infection urinaire, ni l'inflammation n’ont modifié les résultats.
Détecter le taux de CD8 portant le récepteur inhibiteur ILT2
Un autre test sanguin prédictif de récidive est par ailleurs applicable en routine. Il est fondé sur les travaux de recherche entrepris depuis 1991 par le E. Carosella, directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de l’hôpital Saint-Louis, sur la molécule HLA-G (Human leukocyte Antigen). Impliqué dans la tolérance du système immunitaire et exprimé uniquement pendant la grossesse, HLA-G permet au fœtus de ne pas être considéré comme un corps étranger et attaqué par le système immunitaire. Cependant, l’expression de HLA-G est retrouvée dans certaines pathologies comme dans les organes transplantés et les cellules tumorales. E. Carosella et F. Desgrandchamps (hôpital saint-Louis, Paris) ont analysé l’expression de HLA-G dans les cancers de la vessie. Un facteur s’est révélé prédictif de la récidive : le pourcentage de CD8 portant le récepteur inhibiteur ILT2. En effet, quand le taux de CD8 ILT2 est important, la tumeur n’est pas reconnue par le système immunitaire, alors que quand il est faible, la tumeur est reconnue et détruite. En pratique, le but de ce test est de pouvoir individualiser le type de surveillance. Par ailleurs, théoriquement, des anticorps anti-HLAG pourraient bloquer l’expression d’HLAG sur la tumeur afin que le système immunitaire puisse reconnaître la tumeur et la détruire. Les travaux sont en cours.
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