L’énurésie nocturne est une incontinence urinaire intermittente survenant pendant le sommeil chez un enfant âgé de plus de 5 ans. Il s’agit d’un trouble fréquent puisqu’il concernerait près d’un enfant sur dix. Face à une énurésie nocturne, il importe avant tout de préciser si elle est primaire et isolée ou non. Ceci signifie que l’enfant n’a pas eu de période de continence nocturne prolongée (au moins 6 mois) et qu’il n’y a absolument aucun trouble pendant la journée, aucune pathologie associée, la moindre anomalie devant faire écarter le diagnostic d'énurésie isolée.
« L’énurésie nocturne primaire isolée guérit quasiment toujours spontanément », souligne le Dr Bernard Boillot. Mais le caractère bénin du trouble ne signifie pas pour autant qu’il est inutile de le prendre en charge. « L'enfant peut être reçu dès qu'il en fait la demande, en général vers l'âge de 6 ou 7 ans, rappelle le Dr Boillot. La problématique peut être approchée en 3 consultations ».
Conseils et calendrier mictionnel
Lors de la première consultation, il faut faire un interrogatoire minutieux et un examen clinique complet afin de vérifier l'absence d'autre trouble, tels qu'une sténose du méat urinaire (parfois après une circoncision) ou une atteinte neurologique. Il faut également évaluer la motivation de l'enfant, lui donner des conseils clairs et précis car c’est à lui de s’impliquer directement et non à ses parents. Il lui est indiqué de modifier ses habitudes afin de boire plus le matin et le midi et moins le soir. Il lui est également demandé de noter tous les « pipis au lit » et de tenir un calendrier sur 3 jours où seront notés le volume des boissons et celui des urines. Il faut enfin dire à l’enfant qu’il sera revu 2 à 3 mois plus tard, s’il a bien suivi tous les conseils.
Desmopressine
La deuxième consultation vise principalement à évaluer s’il faut ou non prescrire un traitement par desmopressine (Minirinmelt), qui mime l’action de la vasopressine et a donc un effet antidiurétique. « Il faut bien réinterroger l’enfant à la recherche de symptômes qui seraient passés inaperçus lors de la première consultation et lui proposer un traitement par Minirinmelt uniquement s'il est motivé, souligne le Dr Boillot. On lui donne l'ordonnance et en contrepartie il doit revenir avec un calendrier mictionnel rempli la fois suivante ».
Diminution du traitement
L’enfant est revu après 3 mois pour planifier la diminution très lente du traitement par desmopressine sur une période de 2 à 3 mois. « Il faut bien lui expliquer qu'il y a toujours la possibilité de reprendre le traitement à dose pleine en cas de besoin, par exemple un départ en vacances ou en classe de mer », poursuit le Dr Boillot avant de préciser que cette approche en trois consultations est associée à un taux de réponse de 80 % environ.
Énurésie réfractaire
Si l'énurésie est isolée mais réfractaire au traitement, il faut rechercher par ordre de fréquence un contexte de troubles mictionnels au sens large, une constipation associée au trouble mictionnel, une vulvite, une infection urinaire, un syndrome d'apnée du sommeil. Ce dernier doit être suspecté face à un enfant qui respire par la bouche, ronfle, est fatigué et a du mal à démarrer le matin. Chez ces enfants, un avis ORL s’impose car l’adéno-amygdalectomie peut améliorer le trouble urinaire.
Autre pathologie à rechercher : un trouble de l'attention/hyperactivité (TDAH), où l'énurésie est fréquente. On estime que 20 % des enfants avec TDAH ont une énurésie et que 10 % des enfants ayant une énurésie nocturne primaire isolée souffrent d’un TDAH. « Le traitement du déficit de l'attention ou de l’hyperactivité permet de guérir l'énurésie », conclut le Dr Boillot.
D’après un entretien avec le Dr Bernard Boillot, CHU Grenoble
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