Dénervation rénale

Des bénéfices autres que tensionnels

Publié le 03/10/2013
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LE DIABÈTE de type 2 est fréquemment rapporté chez les patients ayant une hypertension artérielle (HTA) résistante. Dans le registre espagnol ABP (5 200 patients présentant une HTA résistante) sa prévalence est de 35 %. Dans le registre SIMPLICITY (772 sujets avec HTA résistante) elle est de 41,3 %. Or, l’association diabète et HTA a un impact négatif sur l’activité sympathique, doublée par rapport à celle des sujets non hypertendus et non diabétiques. Quel est l’impact de la dénervation rénale (DR) sur le métabolisme glucidique ? Une étude pilote (1) sur 50 patients (37 dans le groupe dénervation rénale, 13 contrôles), dont 20 diabétiques confirme à trois mois l’efficacité du geste sur les chiffres tensionnels, avec une réduction significative, comparativement au groupe contrôle, de la glycémie et de l’insulinémie à jeun. La DR améliore la sensibilité à l’insuline et la tolérance au glucose. Cela se traduit par l’absence de progression du statut d’intolérance au glucose vers le diabète ou de nouveaux cas d’intolérance au glucose dans le groupe DR, voire une régression des anomalies du métabolisme glucidique chez 7 des 37 patients, sans modification de l’IMC. Une amélioration significative du métabolisme glucidique (baisse de l’HbA1c et de la glycémie après dose de charge) a également été rapportée lors du suivi à 3 et 6 mois de 10 patients du registre SIMPLICITY présentant un syndrome d’apnées du sommeil (2). « Il faut bien sûr évaluer la persistance dans le temps de cet effet positif et son impact éventuel sur les complications micro et macrovasculaires du diabète », a noté le Dr Félix Mahfoud. Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) concerne de 5 à 10 % de la population générale, 35 % des hypertendus et jusqu’à 80 % de ceux qui ont une HTA résistante. L’augmentation de l’activité sympathique observée lors du SAOS joue un rôle clé dans le développement de l’HTA résistante et le traitement par pression positive continue fait partie intégrante de la prise en charge de ces patients. Les études chez l’animal suggèrent que la DR pourrait être particulièrement bénéfique chez les sujets ayant une HTA résistante et un SAOS. Dans une étude menée sur 13 patients (3) dont 10 avaient un SAOS, une amélioration de l’index apnées/hypopnées a été rapportée après 3 et 6 mois de suivi. Des données préliminaires sur le suivi à long terme (3 ans) de patients après DR suggèrent une réduction de la sévérité du SAOS chez 6 patients sur 10, résultats encourageants qui ont conduit à mettre en place un essai randomisé incluant 60 patients. Les premiers résultats sont attendus l’année prochaine.

D’après les communications des Drs Félix Mahfoud (Hambourg, Allemagne) et Adam Witkowski (Varsovie, Pologne). Session « Renal denervation : beyond the treatment of resistant hypertension ».

(1) Mahfoud et al. Circulation 2011.

(2) Witkowski et al. Hypertension, 2011.

(3) Witkowski et al. Hypertension 2011;58:559-65.

 Dr ISABELLE HOPPENOT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9268