Du vendredi au lundi ou du samedi au mardi

Ces week-ends trop longs pour les dialysés

Publié le 22/09/2011
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Crédit photo : S Toubon

EN PRÉAMBULE de leur étude, Robert Foley et coll. rappellent que, malgré les progrès accomplis ces vingt dernières années, les taux de survie des dialysés aux États-Unis sont parmi les plus faibles du monde.

Dans la plupart des pays, les patients en insuffisance rénale terminale sont dialysés trois fois par semaine. Les uns, les lundis, mercredis et vendredis. Les autres les mardis, jeudis et samedis. Donc, en semaine, il existe un intervalle d’un jour entre deux dialyses. Mais d’une semaine à la suivante, l’intervalle entre deux dialyses est de deux jours (intervalle long) : du vendredi au lundi dans le premier cas, du samedi au mardi dans le second. Depuis longtemps, on pense que ce long intervalle accroît le risque de décès. Les rares études qui ont été réalisées ont porté sur la mort subite et l’arrêt cardiaque, montrant un risque accru.

Ces dernières, on a beaucoup parlé de la dialyse quotidienne. Deux études bien conduites, l’une aux États-Unis, l’autre au Canada, ont montré des avantages sur la masse ventriculaire gauche et la qualité de vie.

L’intervalle long.

Dans ce contexte, il était intéressant de voir si l’intervalle long est associé à une mortalité accrue. C’est ce à quoi se sont attelés Robert Foley et coll. Les chercheurs américains ont passé en revue les observations de patients hémodialysés chroniques à raison de trois séances hebdomadaires pendant la période 2005-2008. L’objectif était d’analyser les événements survenant le jour de la séance de dialyse après un intervalle de deux jours (intervalle long) par rapport au jour d’une séance suivant un intervalle d’une journée seulement.

Il s’agissait de déterminer s’il existait des différences de : mortalité globale ; mortalité de causes spécifiques déclinées en causes cardiaques, vasculaires, infectieuses ou autre ; mortalité de causes spécifiques déclinées selon les 5 causes principales habituelles de décès, à savoir arrêt cardiaque, arrêt du traitement de suppléance ; infarctus du myocarde, septicémie, AVC ; taux d’hospitalisation pour cause cardio-vasculaire, à savoir critère composite de première hospitalisation pour infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque congestive, AVC ou arythmie ; composants individuels de ce facteur cardio-vasculaire composite.

Davantage de décès et d’hospitalisations.

La moyenne d’âge des patients était de 62,2 ans ; 24,2 % étaient dialysés depuis 1 an ou moins ; le diabète était la cause de l’insuffisance rénale terminale dans 43,7 % des cas ; chez 27,7 % des patients, l’accès vasculaire était un cathéter.

Pendant une période moyenne d’observation de 2,2 ans :

- 41,1 % de la population est décédée, 17,4 % de cause cardiaque, 2,7 % de cause vasculaire, 4,8 % de cause infectieuse ;

- 9 % ont été hospitalisés pour un infarctus du myocarde, 33,1 % pour une insuffisance cardiaque congestive, 7,1 % pour un AVC, 25,9 % pour une arythmie et 45,8 % pour tout événement cardio-vasculaire ;

- les événements suivants étaient plus fréquents après un long intervalle entre deux séances qu’après un intervalle d’un jour : mortalité de toute cause (22,1 décès pour 100 personnes-années versus 18,0) ; mortalité de cause cardiaque (10,2 vs 7,5) ; mortalité de cause infectieuse (2,5 vs 2,1) ; mortalité par arrêt cardiaque (1,3 vs 1,0) ; mortalité par infarctus du myocarde (6,3 vs 44), hospitalisations pour infarctus du myocarde (6,3 vs 3,9), pour insuffisance cardiaque congestive (29,9 vs 16,9), pour AVC (4,7 vs 3,1), par arythmie (20,9 vs 11,0) et tout événement cardiovasculaire (44,2 vs 19,7).

« Nous avons trouvé que la plupart des événements étudiés surviennent plus souvent après un long intervalle que les autres jours », indiquent les auteurs.

New England Journal of Medicine du 22 septembre 2011, pp.1099-1107.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9009