AVEC L’ALLONGEMENT considérable de l’espérance de vie et surtout l’allongement de l’espérance de vie en bonne santé, les représentations sociales de la vieillesse évoluent, et avec elles, les représentations de la sexualité des « seniors ». Des images de cette sexualité sont véhiculées de plus en plus fréquemment par les médias, au cinéma par exemple et dans la publicité. L’investissement croissant de « l’image du corps », de l’esthétique, du bien être individuel va de pair dans nos sociétés modernes avec le culte de la performance individuelle, intellectuelle, physique et sexuelle et aussi avec celui de l’évaluation. Ce culte du corps ne peut que convoquer la question de la sexualité et de la préservation des capacités de séduction et de puissance sexuelle, ce qui n’est pas sans angoisser les seniors.
Des spécificités.
La sexualité des personnes âgées possède bien sûr des spécificités qui sont liées notamment à l’évolution de la représentation sociale de la vieillesse, à l’influence du vieillissement physiologique, à la fréquence de la pathologie rencontrée à cet âge, à l’impact majeur de la solitude, surtout chez les femmes âgées. Néanmoins, il reste important de préciser à quel point jeunes, moins jeunes, vieux et très vieux partagent les mêmes questions fondamentales autour de la sexualité. Pour le Dr Gallarda, « La sexualité ne se résume pas, loin s’en faut, au comportement sexuel et au coït ; "tout est dans la tête", comme dit l’adage et ce "tout est dans la tête" résume bien ce rapport intime que chacun, tout au long de sa vie, va tisser lentement avec la question de la sexualité ». Aborder cette question doit être possible auprès d’un soignant mais impose une capacité d’accueil chez ce dernier, qui passe souvent par une réflexion et un travail préalable. Elle impose également l’établissement d’un lien thérapeutique de qualité qui permet au vieillard vulnérable de confier son intimité. « Sans dénier l’efficacité des médicaments contre les troubles de l’érection, il est clair que leur prescription " nue ", sans véritable dialogue avec le praticien n’a que peu de sens. » Enfin, cette possibilité d’accueil doit également passer par l’acquisition d’un domaine de compétences spécifiques : relaxation, psychothérapie d’inspiration psychodynamique…
Des personnalités fragiles.
Les personnalités les plus fragiles (narcissiques, personnalité en permanente quête affective et de séduction…) sont très mal préparées à la survenue des limitations sexuelles liées à l’âge. Cette difficulté qu’ils auront du mal à négocier se traduira par la survenue d’affections somatiques ou psychosomatiques, un stress chronique et bien souvent la dépression que le médecin devra rechercher et reconnaître.
Enfin, une autre problématique est la sexualité au sein des institutions. Plus que la sexualité agie, entre des pensionnaires consentants ou non ou solitaire, ce sont des situations d’érotisation du corps au cours duquel le soignant a souvent sa place : masseur-kinésithérapeute, aide soignant, infirmière…
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