Prédiction du risque de fracture après la ménopause

Répéter la mesure de la DMO n’apporte pas de bénéfice

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Publié le 29/09/2020

La répétition de la mesure de la densité minérale osseuse (DMO) pour dépister l'ostéoporose n'améliore pas la prédiction du risque fracturaire chez des femmes ménopausées. Telle est la conclusion d'une vaste étude prospective menée outre atlantique sur plus de 7 000 femmes avec un suivi d'une douzaine d'années (1).

Crédit photo : phanie

Aux USA, on estime qu'une femme blanche ménopausée sur deux fera une fracture ostéoporotique. C'est pourquoi faire une DMO de dépistage systématique est recommandé après 65 ans et même avant lors de facteurs de risque. Toutefois le rythme de ces DMO reste très débattu. Faut-il les réitérer ? Les avis divergent. Deux études précédentes n'ont pas mis en évidence de bénéfice à les réitérer 4 à 8 ans après la DMO initiale. Mais ces études avaient des facteurs limitants empêchant de conclure définitivement. Aujourd'hui une nouvelle étude, bien conduite, vient clore le débat. Manifestement  répéter les DMO n'améliore pas l'évaluation du risque fracturaire à 12 ans. 

Plus de 7 000 femmes suivies pendant 12 ans

L'étude prospective observationnelle menée aux États-Unis porte sur 7 400 femmes ménopausées faisant partie de la Women Health Initiative ( WHI), récrutées dans trois centres (Tucson, Pittsburgh, Birmingam) entre 1993 et 2010. Elles ont été suivies en moyenne 12,1 ans (± 3,4 ans ). La survenue d'une fracture majeure ostéoporotique (hanche, vertèbre avec expression clinique, poignet, épaule), les fractures de hanche, la DMO initiale et la variation en valeur absolue de la DMO ont été recueillis. L'aire sous la courbe de la DMO, la variation en valeur absolue de la DMO et la combinaison entre la DMO initiale et sa variation ont été calculées pour tester l'amélioration de l'évaluation du risque fracturaire au cours du suivi.

Ces femmes, d'âge moyen 66 ans (± 7 ans) et d'IMC moyen de 28,7 kg/m² dont 23 % non caucasiennes, ont toutes eu une seconde DMO dans les 3 ans après la première. Les fractures auto-signalées annuellement ont été adjudiquées. Les cofacteurs de risque (âge, race/ethnie, antécédents de fracture, niveau socio-économique, tabagisme et traitements médicamenteux) ont été pris en compte, ainsi que le niveau d'activité physique et l’état de santé général (RAND 36 Item health survey). 

Pas d'amélioration dans la prédiction du risque fracturaire

Au cours du suivi en moyenne 9 ans après la seconde DMO, 139 femmes (soit 1,9 %) ont souffert d'au moins une fracture de la hanche et 732 femmes (9,9 %) d'une fracture majeure ostéoporotique. Dans aucune de ces deux populations la répétition de la DMO n'a amélioré la prédiction du risque. Et ceci est vrai dans tous les sous-groupes quels que soient la classe d'âge, la présence d'un diabète, la race, le niveau d'IMC, la prise de traitement hormonal ou le TScore initial. « En bref, répéter la DMO n'apporte rien. Alors que cela a un coût qu'il serait plus judicieux d'allouer aux femmes ne se faisant pas dépister, concluent les auteurs. En termes de Santé Publique, mieux vaut donc se concentrer sur les femmes qui n'ont aucune mesure de DMO ».

(1) CJ Crandall et al. Serial Bone Density Measurement and Incident Fracture RiskDiscrimination in Postmenopausal Women. JAMA Intern Med. 2020;180:1232-1240. doi:10.1001/jamainternmed.2020.2986

Pascale Solere

Source : lequotidiendumedecin.fr