Deux équipes ont étudié la relation entre statut vitaminique D et pronostic du Covid-19. Parmi les 700 premiers adultes Covid-19 positifs (exclusion des femmes enceintes) admis au Columbia University Medical Center (médianes : 63 [50-74] ans, 43 % de femmes, IMC 28,3 [24,6 – 33,3] kg/m2), 22 % ont été intubés et la mortalité était de 21 % (1). Un dosage de 25OHD était disponible chez 93 patients (25 [17 – 33] ng/ml ; mesuré 136 [75 – 248] jours avant l’admission). Aucun paramètre pronostique du Covid n’était influencé par le taux de vitamine D. Par contre, une équipe italienne a comparé deux populations de Covid-19 (symptomatiques et asymptomatiques) avec des témoins et note que les patients symptomatiques ont un taux de 25OHD plus bas (18 ng/ml) que les asymptomatiques (30 ng/ml) et les témoins (35 ng/ml) [2]. De plus, il existe une relation inverse entre le taux de 25OHD et la CRP ou l’IL-6 circulante. Une carence en vitamine D est, après ajustements multiples, prédictive de l’admission en soins intensifs et de la mortalité. D’autres études sont manifestement nécessaires pour conclure…
Une chute des consultations pour ostéoporose pendant la pandémie
On pouvait le penser, cela se confirme : la pandémie retentit négativement sur la prise en charge de l’ostéoporose. Le nombre de sessions de consultation en ligne de l’outil FRAX a été mesuré sur la base de données Google entre novembre 2019 et avril 2020 et comparé à la même période de l’année précédente (3). Les consultations ont chuté de 23 et 58 % en mars et avril par comparaison à février 2020. De telles variations n’étaient pas constatées en 2019. Elles étaient présentes dans la majorité des pays en Europe, moins en Asie. L’adhésion au traitement par dénosumab (Dmab) a été mesurée pendant la période d’extension de la pandémie (janvier à avril 2020). Dans cette étude d’observation sur près de 100 patients, 15,7 % ont refusé de recevoir l’injection de Dmab pendant cette pandémie et l’injection a dû être reportée pour des raisons logistiques chez 2,3 % (4).
Vitamine D et nutrition : quels retentissements osseux ?
Dans une conférence, le Pr John Eisman (Australie) a rappelé les grands principes, bien connus du supplément en vitamine D, la nécessité de corriger les insuffisances et carences en vitamine D pour éviter le retentissement osseux, la préférence accordée à une supplémentation moins dosée administrée plus fréquemment et la prudence vis-à-vis des fortes doses (500 000 UI) intermittentes qui augmentent le risque de chute (et de fracture).
Contrairement à une opinion répandue dans le grand public, les produits laitiers ne sont pas délétères, en tout cas pour l’os ! Si on en croit les données d’un essai contrôlé randomisé mené dans 60 établissements pour personnes âgées en Australie, la prise d’un complément de laitages (lait, yaourts, fromages) apportant 1100 mg/jour de calcium et 72 g/j de protéines a réduit de 33 % le risque de chutes et de 46 % celui de fracture de l’extrémité supérieure du fémur par comparaison à un régime standard (650 mg/jour de calcium et 59 g/j de protéines). La différence sur les chutes et les fractures était significative dès le cinquième mois (5) ! Les auteurs constatent aussi une augmentation de la densité osseuse lombaire et du taux circulant d’IGF-1, facteur anabolique osseux.
Le régime méditerranéen est paré de nombreuses vertus ! Il faut peut-être ajouter à la liste un bénéfice osseux si l’on en croit les données d’une analyse transversale faite chez près de 800 hommes âgés en moyenne de 80 ans participant à une cohorte de suivi « Santé et Vieillissement » durant trois ans (6). Une plus grande adhésion au régime méditerranéen était associée à une masse maigre plus élevée des membres et à un taux circulant inférieur d’interleukine-7. De plus, l’incidence des chutes était réduite (IRR : 0,94 ; IC 95 % : 0,89, 0,99). Une consommation plus élevée d'acides gras mono-insaturés (IRR : 0,76 ; IC 95 %: 0,59, 0,98) et un ratio acides gras mono-insaturé/acides gras saturés (IRR : 0,72 ; IC 95 % : 0,57, 0,90) étaient respectivement associés à 24 % et 28 % de risque de chute plus faible chez les hommes plus âgés.
Service de Rhumatologie, hôpital Lariboisière
(1) Szeto et al, Abstr #P004
(2) Gennari et al, Abstr #1023
(3) McCloskey et al, Abstr #P527
(4) Mahmood et al, Abstr #P677
(5) Iuliano et al, Abstr #1022
(6) Carvo et al, Abstr #1024
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