Psoriasis et rhumatisme psoriasique : encore trop d’errance thérapeutique

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Publié le 29/10/2024
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À l’occasion de la journée mondiale du psoriasis ce 29 octobre, une enquête menée par le laboratoire Janssen met en exergue les difficultés liées au diagnostic, à l'accès aux soins et au manque d'information des patients.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Entre les premiers symptômes et le diagnostic d’un psoriasis, près d’un tiers des patients attendent plus de 5 ans ; une situation qui touche 24 % des patients souffrant de rhumatisme psoriasique (RP), révèle une étude menée* auprès de 501 Français âgés de 18 ans et plus souffrant de psoriasis, dont 20 % présentent aussi un RP.

Psoriasis et rhumatisme psoriasique entretiennent en effet des liens étroits. Dans environ 20 % des cas, le psoriasis se complique d’une atteinte articulaire touchant les membres, les doigts ou la colonne vertébrale. Imprévisible, l'évolution survient, en moyenne, dans les 10 à 15 ans après l’apparition du psoriasis. Par ailleurs, 75 % des patients atteints de RP ont un psoriasis ou un antécédent de psoriasis cutané (personnel ou familial).

Les généralistes en première ligne

Si le psoriasis est plutôt bien identifié par les médecins généralistes, cela est moins le cas pour le RP. « Dans cette maladie, il n’y a pas de biomarqueurs d’anticorps spécifiques. Nous faisons le diagnostic à partir de certaines caractéristiques, notamment les localisations des atteintes articulaires », souligne le Pr Philippe Goupille, rhumatologue au CHRU de Tours. Le diagnostic précoce des deux maladies est primordial. « Il permet de limiter leur évolution vers des symptômes handicapants. Et, souvent, les patients souffrant de psoriasis et de RP ont des comorbidités, et notamment, des complications métaboliques. Leur prise en charge précoce et pluridisciplinaire est indispensable », ajoute le Dr Pierre-André Becherel, dermatologue à l’Hôpital Privé d’Antony.

La majorité des patients souffrant de psoriasis (62 %) et de RP (49 %) est suivie par le médecin généraliste. Le dermatologue arrive en deuxième position, prenant en charge 49 % des patients ayant un psoriasis, le plus souvent en ville. Pour ceux qui souffrent de RP, c'est le rhumatologue (à l’hôpital ou en clinique) qui arrive en deuxième ligne (39 %). « Le généraliste ne doit pas hésiter à nous adresser un patient atteint de psoriasis, se plaignant de douleurs aux articulations », insiste le Pr Goupille. Si les patients interrogés sont plutôt satisfaits de leur prise en charge, ils le sont davantage quand le suivi est assuré par un spécialiste (dermatologue et/ou rhumatologue) à l'hôpital. « La collaboration hospitalière entre dermatologues et rhumatologues existe depuis longtemps, notamment via des consultations couplées. Elle contribue à améliorer la prise en charge », commente le Dr Becherel.

Des patients peu informés sur ces maladies

L’étude révèle, en parallèle, un niveau d’information jugé insuffisant sur les deux maladies : seuls 57 % des patients se sentent informés sur le psoriasis et 20 % sur le rhumatisme psoriasique. Quant aux traitements par biothérapie, ils restent peu connus : si 39 % des personnes déclarent en avoir déjà entendu parler, seulement 14 % savent précisément de quoi il s’agit. Cette part atteint, toutefois, 35 % chez les personnes atteintes de rhumatisme psoriasique. Or de nombreux médicaments efficaces, pouvant être prescrits par les dermatologues, existent contre le psoriasis. Nombre de ces traitements sont également utilisés par les rhumatologues contre le RP.

L'accès aux soins est un autre problème mis en évidence dans l'enquête. Près de 4 personnes sur 10 affirment avoir eu des difficultés pour obtenir un rendez-vous au moment du diagnostic. « La baisse significative du nombre de dermatologues explique les délais d'attente importants. Pour les patients atteints de psoriasis, il devient complexe, en ville comme à l’hôpital, d’avoir accès à une consultation », indique le Dr Becherel. Cette difficulté est moins marquée pour les rhumatologues, « même s’ils sont, eux aussi, débordés de demandes de consultations », conclut le Pr Goupille.

* L'enquête OpinionWay a été menée du 16 au 22 juillet 2024 pour le laboratoire Janssen avec le soutien de l’association France Psoriasis.

Un escape game dédié au psoriasis et au RP

Co-construit par Janssen et France Psoriasis avec un comité d’experts pluridisciplinaire, l’escape game Citizen Pso permet de mieux comprendre la maladie, les symptômes, le parcours de soins et les comorbidités. L'expérience immersive informe le grand public de façon ludique. Un bus itinérant Citizen Pso a, ainsi sillonné les routes de France en 2019, 2021, 2022, 2023 pour parcourir une vingtaine d’étapes. « Le bus permettait d’aller, avec des médecins, à la rencontre des patients qui avaient besoin d’en savoir davantage sur la maladie et sur ce qu’une association comme la nôtre peut apporter », explique Bénédicte Charles, présidente de France Psoriasis. L’expérience se décline aussi sous format digital, via le site www.citizenpso.fr, qui intégrera le RP début 2025. Par ailleurs, une web-série médicale sur le psoriasis destinée aux adolescents a été lancée en 2016 sur la chaine Youtube de Johnson & Johnson Innovative Medicine France. Toujours sur Youtube, Janssen a réalisé, en collaboration avec l’AFPric (Association Française des Polyarthritiques et des rhumatismes inflammatoires chroniques) et France Psoriasis, 10 chroniques radio sur le RP.


Source : lequotidiendumedecin.fr