UNE ÉTUDE allemande issue du registre RABBIT a inclus 8 613 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) depuis 10,3 ans en moyenne, afin d’évaluer l’impact sur la survie à long terme du niveau d’activité de la maladie, du degré de dégradation fonctionnelle et de la prescription de biothérapie (anti-TNF ou rituximab) par rapport à celle de corticoïdes ou de traitements de fond (1). Après un suivi moyen de 3,4 ans, 5 % des patients sont décédés durant une période de deux après la dernière visite. Comparativement à la population générale du même âge, le risque de mortalité était augmenté d’un facteur 1,6 (IC95 % = 1,4 -1,8) ce qui correspondait à une diminution d’espérance de vie d’environ 3,5 ans. Les patients dont le DAS moyen était inférieur à 4 pendant le suivi gardaient une espérance de vie normale, alors que ceux ayant une maladie active (DAS moyen › 4,0) avaient une espérance de vie réduite respectivement de 6,4 ans pour les femmes et de 7,3 ans pour les hommes par rapport à la population générale de même âge et de même sexe. Chaque point de DAS supplémentaire était associé à un surrisque de mortalité de 15 %. Après ajustement sur l’âge, l’activité de la maladie, les comorbidités et la dose de prednisone, la prescription d’anti-TNF était associée à une diminution du risque de 35 % (HR = 0,65 ; p‹ 0,001) ; cette baisse était de 20 % avec le rituximab ou les autres agents biologiques comparativement aux traitements de fond classiques. En revanche, les corticoïdes augmentaient le risque de 20 % (HR ajusté pour chaque augmentation de 5 mg/j = 1,2 ; p = 0,003).
Une autre étude observationnelle (2) issu du registre Norfolk a confirmé qu’une rémission précoce et soutenue était associée à une diminution de la mortalité . L’analyse a porté sur les données de 1 600 patients recrutés entre 1990-1994 et 2000-2004 qui ont été suivis en moyenne dix ans. Ceux ayant obtenu au moins une rémission pendant les trois premières années de suivi ont eu une augmentation de leur survie (HR ajusté = 0,75 ; IC 95 % = 0,59). Le nombre de rémissions était également associé à une diminution significative du risque de mortalité de toutes causes, avec une baisse du risque de 10 % pour chaque rémission obtenue.
La plus grande réduction du risque de mortalité était observée chez les malades ayant obtenu une rémission la première année (HR ajusté = 0,66 ; IC 95 % = 0,47-0,92) par rapport à ceux ne l’ayant obtenu que la deuxième ou troisième année.
Les anti-TNF diminuent le risque cardio-vasculaire.
L’analyse de données portant sur plus de 100 000 patients montre de plus que le traitement par anti-TNF diminue significativement le risque d’événements cardio-vasculaires (ECV) par rapport au méthotrexate (MTX) ou à d’autres agents non biologiques (3).
Les liens entre inflammation et risque cardio-vasculaire suggèrent que les patients ayant les maladies les plus actives sont ceux qui ont les risques cardio-vasculaires les plus élevés. Une grande étude américaine issue d’une base de données de l’assurance-maladie a inclus 109 462 patients atteints de PR et a étudié l’impact de la prescription d’un anti-TNF sur le risque d’ECV. Au total, 1 743 patients (1,6 %) ont eu un ECV . Pour chaque période de six mois de prescription d’anti-TNF, le taux d’ECV était réduit de 13 % (HR = 0,87, p = 0,005) et celui d’infarctus du myocarde de 20 % (HR = 0,80, p = 0,013) par rapport aux traitements classiques. Une étude portant sur des sous-groupes de patients a confirmé que cette réduction du risque cardio-vasculaire s’observait aussi chez les sujets âgés de plus de 50 ans (HR = 0,86, p = 0,007) et chez ceux n’ayant pas eu de traitement antérieur par MTX (HR = 0,85, p = 0,022).
Au total, la prise d’anti-TNF réduisait le risque d’événements cardio-vasculaires de 24 % à un an, de 42 % à deux ans et de 56 % à trois ans.
(1) Listing J. et al. OP0047.
(2) Scire C.A et al. OP126.
(3) Nurmomohamed M.T. et al. OP0002.
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