Des publications ont rapporté des cas de fractures fémorales sous-trochantériennes ou diaphysaires d’aspect radiologique atypique : trait de fracture unique, transversal ou oblique, du tiers proximal du fémur, existence d’une pointe osseuse médiale et d’une réaction périostée latérale.
Par le Dr MONIQUE PETIT-PERRIN*
Une équipe de Québec (Z. Mahjoub et coll., O.92) a mené une étude ayant pour objectif d’estimer l’incidence des fractures fémorales atypiques (FA) sur une période de dix-huit mois dans la ville de Québec, puis de relever les caractéristiques susceptibles de constituer un facteur de risque de fracture atypique. Ils ont donc revu les dossiers radiologiques des patients hospitalisés en orthopédie pour une fracture de hanche ou du fémur, entre le 1er juin 2009 et le 31 décembre 2010. Ils ont sélectionné les fractures fémorales atypiques respectant les critères du groupe de travail de l’ASBMR, calculé leur incidence et collecté dans les dossiers toutes les données pouvant influencer la survenue de FA. Pour chaque variable, ils ont comparé les patients ayant eu une FA au cours des cinq dernières années (incluant la période d’observation), à deux témoins appariés pour l’âge et le sexe, ayant eu une fracture par fragilité ou traumatique de la hanche ou du fémur.
Ils ont noté 36 fractures atypiques pendant la période d’observation, soit une incidence des FA de 0,034 pour 1 000 patients année et ont retrouvé une association, chez 56 patients ayant eu une fracture atypique dans les cinq dernières années, avec la prise de bisphosphonates, d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), de statines, de vitamine D et de suppléments calciques. Il existe une association significative avec des antécédents d’ostéoporose, l’existence d’une fracture antérieure et un indice de masse corporelle plus élevé. En revanche, ils n’ont pas observé d’association avec la corticothérapie orale, le tabagisme, le diabète ou le mode de vie avant la fracture.
Dans l’attente d’études prospectives. L’incidence des fractures fémorales atypiques à Québec est donc identique à celle qui est rapportée dans la littérature. Cette étude rétrospective met en évidence une association significative des FA avec la prise de bisphosphonates et d’IPP, mais pas avec la corticothérapie orale, ce qui a déjà été décrit. De façon plus curieuse, il est observé une association entre les FA et la prise de statines alors que ces dernières sont réputées pour avoir un effet protecteur contre les fractures ostéoporotiques. Cette étude a l’inconvénient d’être rétrospective et il serait intéressant de conduire des études prospectives pour identifier les facteurs de risque potentiels de FA, effectuer une comparaison des mesures biométriques du col et collecter des données histologiques.
* Dijon.
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