« Quand vous ne répondez pas au téléphone, vous faites un acte », explique le vice-président des Chirurgiens-Dentistes de France, le Dr Doniphan Hammer. Les assistants font gagner du temps. Le temps, ce sont des patients soignés. Et de l’argent ? Le Dr Hammer nuance. Le cabinet doit s’appuyer sur une étude de marché : « il n’y a pas de recette miracle. L’embauche d’un assistant dentaire est un investissement à réfléchir et dont la rentabilité varie selon le cabinet. »
Du côté des ophtalmologistes, l’aide de collaborateurs variés - orthoptistes, infirmières spécialisées, secrétaires médicales - se compte aussi en temps de gagné. « Grâce à eux, nous voyons un tiers de patients en plus en moyenne. Avec l’informatisation et le travail aidé, chaque praticien effectue aujourd’hui en moyenne 9 000 actes par an, contre 4 000 dans les années 90 », détaille Dr Thierry Bour, président du Syndicat National des Ophtalmologistes de France (SNOF).
« Leur travail nous permet de nous concentrer sur le nôtre »
Mais l’efficacité due à ces collaborations ne se retrouve pas seulement dans la quantité de patients soignés, mais aussi dans la qualité de leur prise en charge. Le président de la Fédération Nationale des Médecins Radiologues (FNMR), le Dr Jean-Philippe Masson, l’affirme : « Pour le patient, l’accueil des secrétaires médicales et l’échange avec les manipulateurs radios sont fondateurs. » Chirurgien-dentiste à Poitiers, le Dr Hammer, aussi confirme : « La présence de l’assistant rassure le patient. »
En déléguant certaines tâches, les spécialistes se centrent sur le soin. « Leur travail nous permet de nous concentrer sur le nôtre », résume le Dr Hammer. Ou sur l’analyse dans le cas des radiologues : « une fois la radio prise par le manipulateur, le radiologue prend son rôle d’interprète médical », rappelle le Dr Masson. Comme le produit de contraste radiologique, les missions des coopérateurs délimitent mieux celles du médecin.
L’esprit d’équipe comme stratégie
Alors, comment travailler au mieux avec ses collaborateurs ? « Il faut raisonner en termes d’équipe et non comme si l’un était au service de l’autre. Ce n’est pas du tout le cas », prévient le président de la FNMR, radiologue à Carcassonne. Pour le Dr Hammer, les assistants dentaires et les chirurgiens-dentistes effectuent un travail à quatre mains : leur entente est cruciale. « Nous n’avons pas à lever les yeux, l’assistante sait exactement quoi faire. C’est presque de la télépathie. Il faut voir cette relation comme un cercle plutôt que comme une pyramide. »
Pour arriver à une bonne relation professionnelle, le recrutement joue un rôle particulièrement important, selon le Dr Thierry Bour qui exerce l'ophtalmologie à Metz. Voici ses conseils : « Voir plusieurs candidats en entretien et les mettre en situation. Tester notre entente potentielle avec eux pendant la période d’essai. Aussi, toutes les situations doivent être prévues dans le contrat. »
Des choix professionnels historiques
La radiologie, la chirurgie-dentaire et l’ophtalmologie ont pris de l’avance sur la question des collaborateurs à cause de certaines spécificités de leur métier. La fonction de manipulateur en électroradiologie médicale et radiothérapie, par exemple, s’est développée en même temps que la radiologie du fait de sa technicité. Les manipulateurs préparent le patient, fixent les paramètres des appareils et irradient le corps du malade. Selon la revue Le Manipulateur, le terme est apparu lors de la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, pour exercer, il faut un Diplôme d’État de manipulateur d’électroradiologie médicale ou un DTS Imagerie médicale et radiologie thérapeutique, de niveau bac +3.
Le titre d’assistant dentaire a lui été officialisé en 2006 bien que le métier soit plus ancien. Les assistants dentaires travaillent au fauteuil, stérilisent les instruments et gèrent les dossiers administratifs. Ils obtiennent leur titre après une formation en alternance de 18 mois, de niveau bac. Plus de mille assistants dentaires sont titularisés chaque année, selon les chirurgiens-dentistes de France. Leur nombre croissant répond notamment à l’augmentation des normes de traçabilité et de stérilisation. L’embauche et la formation sont intégralement payées par les chirurgiens-dentistes.
Les ophtalmologues, eux, sont aidés financièrement par l'assurance maladie à l’embauche d’un orthoptiste. En trois ans, ils touchent ainsi 39 000 euros de manière dégressive, et s’engagent à augmenter de 25 % le nombre de patients la troisième année. Et ce n'est pas fini. La profession est en ce moment même en pleine négociation pour créer, elle aussi, un nouveau métier d’assistant médical technique (AMT).
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