Des avancées de la radiologie interventionnelle aux apports du scanner en cardiologie, en passant par le futur de la radiologie dans l’espace, les Journées francophones de radiologie (JFR), du 13 au 16 octobre à Paris, seront l’occasion d’explorer les évolutions et mutations de la spécialité.
Un des thèmes abordés portera sur l’imagerie cardiaque, alors que le scanner est « de plus en plus prépondérant dans les pathologies coronaires », souligne, à l'occasion d'une conférence de presse, le Dr Marc Zins, chef du service de radiologie de l'hôpital Saint-Joseph à Paris et président des JFR 2023. Les maladies cardiovasculaires progressent, jusqu’à être la première cause de mortalité chez les femmes françaises, rappelle quant à lui le Pr Damien Mandry, du CHRU de Nancy. Et le scanner cardiaque, aussi nommé coroscanner ou scanner des artères coronaires, permet de « prédire le risque cardiovasculaire ».
C’est la seule méthode non invasive pour établir un score calcique, poursuit-il. Ce score permet d’évaluer le niveau de risque cardiovasculaire afin d’adapter la prise en charge, de plus en plus modulable et ciblée grâce aux progrès médicamenteux. L’analyse du score calcique dépend de l’âge du patient. Alors qu’un score nul signifie une absence de risque pendant 15 ans, « un score à 5 » est « mauvais » à 35 ans, mais « bon » à 80 ans, relève le Dr Marc Zins. La réalisation de ce score est à réserver à certains patients « pour un triage », indique-t-il. Et des « améliorations » doivent « sans doute » être apportées à la définition des populations à cibler pour cet examen.
Une autre application du scanner cardiaque porte sur la détection des sténoses et de leur composition. « Les plaques avec une plus forte proportion de graisse sont les plus à risque d’évènements aigus (infarctus du myocarde) », souligne le Pr Damien Mandry. Dans cette optique, le scanner spectral, de plus en plus précis, permet une meilleure analyse de la composition des plaques et ainsi une meilleure prédiction d’un évènement aigu.
Un nouveau rôle pour le neuroradiologue
La radiologie est en mutation dans ses applications en neurologie. « Il y a encore 15 ans », la neuro-imagerie était surtout mobilisée pour la localisation de tumeurs avant une chirurgie, explique le Pr Alexandre Krainik, du CHU de Grenoble. Mais elle a connu un virage récent en lien avec l’émergence de nouveaux traitements dans la prise en charge de la démence. Les diagnostics, devenus de plus en plus précis, impliquent davantage les radiologues. Cette place nouvelle dans le parcours des patients atteints de démences doit inciter les radiologues à « revenir auprès des patients et des familles », estime le Pr Krainik.
L’examen de neuro-imagerie est source « de peur et d’anxiété » chez les patients et leurs proches, confrontés à « un ensemble de symptômes progressifs et chroniques » et dans l’attente de diagnostic, détaille le Pr Krainik. À cette étape de la prise en charge, « l’existence d’un trouble est comprise et l’attente d’un diagnostic est grande », observe-t-il. Cet état d’esprit particulier des patients et de leurs proches réclame une attention des spécialistes. Si l’annonce du diagnostic revient au neurologue, le Pr Krainik recommande d’« aller au contact des patients, ça désamorce l’anxiété ». Dire au patient que des zones de son cerveau sont atrophiées lui donne « le sentiment d’être pris au sérieux », que « sa souffrance est comprise ».
Innovation en radiologie interventionnelle in utero
D’autres avancées en radiologie interventionnelle ouvrent de nouveaux champs pour la spécialité et de « nouveaux espoirs » dans des pathologies rares en « impasse thérapeutique », explique le Pr Olivier Naggara, neuroradiologue au centre hospitalier Sainte-Anne (Paris). C’est le cas d’une innovation de radiologie interventionnelle in utero, qui se déploie progressivement, pour les cas de malformations des vaisseaux cérébraux du fœtus.
Ces malformations, diagnostiquées lors de la 3e échographie (32e semaine), conduisent « très régulièrement » au décès du nouveau-né ou à des lésions cérébrales et à des conséquences cardiaques irréversibles. Jusqu’ici, « une interruption thérapeutique de grossesse était proposée », rappelle le Pr Naggara, car ces malformations « créent un court-circuit dans la partie profonde du cerveau ».
Désormais, une IRM fœtale complète le diagnostic. Si des lésions cérébrales sont déjà présentes, une interruption de la grossesse est toujours proposée. Si ce n’est pas le cas, « c’est là, quand la malformation n’a pas encore causé de dommages, que se positionne la nouvelle thérapeutique », poursuit le neuroradiologue. L’intervention passe par l’introduction, sous guidage échographique, d’un minicathéter à travers le crâne du fœtus. Ce traitement doit être réalisé dans un « créneau temporel très court » sur un fœtus « bien placé et immobile » pour éviter les séquelles, souligne le Pr Naggara. Si cette intervention comporte « une part d’inconnu », c’est un exemple d’innovation intégrée qui répond à une « impasse », relève-t-il.
L’espace, accélérateur d’innovation
Le partenariat de la Société française de radiologie engagé depuis 2020 avec le Centre national d’études spatiales (Cnes) et l’Institut de médecine et de physiologie spatiale (Medes) sera également au cœur de plusieurs sessions des JFR, alors que cette collaboration est un « accélérateur du développement de l’innovation », se réjouit le Pr Alain Luciani, radiologue au CHU Henri-Mondor (Créteil).
Bien d’autres thématiques seront abordées aux JFR et notamment l’optimisation du diagnostic intégré, la cybersécurité et la protection des données ou encore le bien-être au travail et l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Des sessions internationales porteront par ailleurs sur l’endométriose, l’épilepsie ou encore les lésions non tumorales des voies biliaires.
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