À l'occasion de la Journée mondiale de l'accident vasculaire cérébral (AVC) le 29 octobre 2019, les spécialistes neurovasculaires s'expriment sur les 15 ans de progrès et les défis à venir, à travers un sondage réalisé auprès de 100 neuroradiologues interventionnels par la société française Balt, l'un des leaders mondiaux pour ce type de dispositifs endovasculaires.
Si les avancées de ces dernières années (structuration de la filière, imagerie, thrombolyse IV et thrombectomie) sont saluées par la très grande majorité (80 %), la priorité n° 1 des professionnels est l'information du grand public. Pour les spécialistes, c'est le frein principal à mieux traiter les victimes d'AVC (37 % des sondés). Viennent seulement ensuite l'accès aux soins (27 %), le manque de financement (27 %) et le manque de ressources techniques (9 %).
Éduquer aux petits signes de l'AVC
« Contrairement à l'infarctus du myocarde, il n'y a pas de douleur dans l'AVC, a expliqué en conférence de presse le Pr Jacques Mouret, du CHU Kremlin-Bicêtre et pionnier de la thrombectomie en France. La population doit connaître les petits signes qui doivent mettre la puce à l'oreille. »
Ces signes sont résumés dans l'acronyme VITE, V pour Visage (asymétries faciales brutales), I pour Incapacité (hémiplégie totale ou partielle, parfois transitoire), T pour Troubles de la parole (aphasie), E pour Extrême urgence, ou FAST en anglais (Face, Arms, Speech, Time). « S'il existe l'un de ces signes, le grand message à faire passer est de faire le 15, a insisté le Pr Hubert Desal, du CHU de Nantes. Les patients doivent entrer dans la bonne filière de suite et ne pas aller aux urgences. »
Quand un AVC est suspecté, les patients doivent être admis en unité neurovasculaire (UNV). Il en existe 139 à ce jour en France, auxquelles il faut ajouter 112 centres de télémédecine/téléAVC. « Idéalement, il faudrait que les patients soient pris en charge au plus tard dans les 30 minutes suivant leur arrivée à l'hôpital », a souligné le Pr Laurent Spelle, du CHU Kremlin-Bicêtre.
Une demande croissante de thrombectomie
Les spécialistes pointent aussi du doigt la formation des médecins à la neuroradiologie interventionnelle. Plus de 40 % rapportent un emploi du temps très chargé avec stress et fatigue, près d'un quart des sondés (23 %) répondent avoir des difficultés à concilier vie de famille et gardes et un quart soulignent une compensation financière insuffisante.
La thrombectomie a fait l'effet d'une révolution dans la prise en charge de l'AVC ischémique. « Tout est allé très vite, a rappelé le Pr Spelle. À la toute fin du congrès AVC à Istanbul en octobre 2014, l'auditoire a applaudi les résultats d'une étude hollandaise MR CLEAN. Comme il n'était plus éthique de randomiser, toutes les inclusions en cours ont été arrêtées et l'ensemble des résultats des 5 études randomisées, les “Big Five” ont été publiés entre janvier et juin 2015. »
Former et titulariser
La thrombectomie est décrite comme un traitement de rupture, car elle est efficace quelle que soit la gravité et quel que soit l'âge, a expliqué le Pr Spelle. Il faut traiter 18 patients pour en sauver 1. Plus le patient est âgé, plus les bénéfices sont grands. La fenêtre d'intervention est dans les 6 heures suivant l'AVC mais de nombreuses études mettent en évidence des bénéfices importants après 6 heures et jusqu'à 24 heures.
« La thrombectomie a fait l'effet d'un détonateur professionnel, a rapporté le Pr Desal. Alors que la procédure est remboursée depuis 2018 seulement, il y a en France 34 unités avec neuroradiologie interventionnelle et 6 800 thrombectomies par an. Le nombre de thrombectomies a augmenté avec les forces en présence sans soutien national pour le financement. Au final, la thrombectomie génère des économies pour la société. Les médecins se forment mais il faut leur offrir des perspectives de carrière et titulariser les postes. » Près de 15 000 patients ayant un AVC seraient candidats à la thrombectomie en France.
Conférence de presse organisée par Balt le 10 octobre 2019, à Paris
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