Dans un contexte de financiarisation de la biologie médicale, avec la lourde charge de l'accréditation des laboratoires et un manque d'attractivité, quels choix opérer lorsqu'on a choisi l'internat de biologie médicale ? Lors des Journées de l'innovation en biologie (JIB) à Paris, les jeunes biologistes médicaux ont mis en avant les avantages et inconvénients de leur exercice.
À l'hôpital public, où exercent environ un tiers des 10 000 biologistes médicaux (issus à la fois des études médicales et pharmaceutiques), le paysage est varié. La plupart des postes occupés sont des postes de praticiens hospitaliers (61 %), d'assistants (15 %) et de praticiens attachés (16 %). « Les statuts sont multiples, mais on est toujours dépendant du contact avec la direction. Il faut aussi savoir que le taux national de vacance des postes de PH à temps plein est actuellement de 10 à 15 % », précise Mathieu Kuentz, biologiste médical au centre hospitalier d'Aurillac (Cantal). En milieu hospitalier, le biologiste médical est au centre d'un service, dans un hôpital général ou universitaire, lui-même au sein d'un groupement hospitalier de territoire (GHT), voire d'un inter-GHT. Il doit notamment gérer les examens de biologie médicale délocalisés, et participer aux différentes commissions dans l'établissement.
Côté privé, l'exercice est fortement marqué depuis plusieurs années par une phase de regroupements. Les laboratoires sont désormais multisites, avec plus de 4 000 sites pour un peu moins de 450 structures juridiques. « Il faut se dire qu'à plusieurs, on est plus fort, souligne Mickaël Fortun, biologiste médical en plateau technique chez Biogroup LCD. L'écueil est d'être trop mené par la partie financière, mais seul le biologiste médical connaît les bonnes décisions. Une autre épine dans le pied est l'accréditation, qui ne doit pas devenir une usine à gaz. » Ces contraintes budgétaires peuvent venir empiéter sur l'indépendance professionnelle du biologiste. « Mais on a toujours le choix de dire oui ou non », résume Mickaël Fortun.
Plusieurs statuts sont possibles dans le secteur privé. Il peut être simple salarié d'un groupe, ou alors partager des parts et être associé. « Dans ce deuxième cas, il faut être attentif au contrat que l'on signe pour ne pas se retrouver viré du jour au lendemain. Attention aux abus et à certaines dérives qui peuvent exister dans tous les cas, par exemple si le groupe vous demande de proposer aux patients certains tests nutritionnels hors nomenclature », met en garde le Dr Lionel Barrand, biologiste médical à Strasbourg.
Créer son propre labo
Face à ces contraintes, les jeunes biologistes médicaux recommandent d'opposer leur expertise. « Il faut se rendre indispensable par exemple avec la révolution numérique du métier. Montrer notre maîtrise des nouvelles technologies, qui peuvent être utilisées pour faire de la médecine prédictive », indique le Dr Barrand.
Même si le secteur change, les trois jeunes biologistes médicaux veulent garder un message « optimiste » pour les futures généralistes de biologistes. Outre les postes dans le public et dans le privé, de nombreuses autres possibilités peuvent être envisagées : exercice mixte, dans le secteur industriel, de l'innovation, voire créer son propre laboratoire ex nihilo.
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