Santé mentale : Michel Barnier détaille ses ambitions pour la grande cause nationale 2025

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Publié le 10/10/2024

Doublement du nombre de maisons des adolescents, généralisation de la formation aux premiers secours en santé mentale, réorganisation des parcours en lien avec les acteurs locaux… À l’occasion d’un déplacement dans la Vienne ce 10 octobre, le Premier ministre a présenté une série de mesures en faveur de la santé mentale.

Crédit photo : BURGER / PHANIE

La volonté du Premier ministre de faire de la santé mentale la grande cause nationale de 2025 se concrétise avec une série de mesures annoncées à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, ce 10 octobre. Lors d’un déplacement dans la Vienne aux côtés de la ministre de la santé, Geneviève Darrieussecq, Michel Barnier a indiqué vouloir « doubler d'ici trois ans » le nombre de maisons des adolescents, chargées d'informer et d'accompagner les jeunes et leur famille, actuellement au nombre de 125 sur le territoire.

Le chef du gouvernement a également évoqué son souhait que cette cause « serve à déstigmatiser les maladies mentales », via des campagnes de sensibilisation. Alors que deux millions de Français sont pris en charge chaque année en psychiatrie, « la prise de conscience de la gravité de ce sujet est indispensable », jugeait, la veille du déplacement, Geneviève Darrieussecq, à l’occasion de la présentation d’une note stratégique du Haut-Commissariat au plan sur le sujet.

Généraliser la formation aux premiers secours en santé mentale

Autre enjeu mis en avant : « la prévention » et le « repérage ». Le Premier ministre entend « généraliser la formation à la prévention, aux premiers secours en santé mentale ». Sur ce volet, la note du Haut-Commissariat cible notamment les non-professionnels de la santé au contact du public : enseignants, personnel d’accueil, policiers, gendarmes, etc.

Pour « renforcer le premier recours », Michel Barnier mise aussi sur le développement « en lien avec les services d'accès aux soins de filières de psychiatrie permettant de mieux orienter les patients et de les accompagner dans leur prise en charge », ce qui suppose « l'engagement des psychiatres libéraux du secteur et des associations ». Il s’agit là encore d’une piste mise en avant dans le document du Haut-Commissariat. De même concernant la généralisation « des outils de coordination territoriale, comme les contrats locaux de santé mentale (CLSM), qui permettent d'organiser les parcours et de favoriser la mobilisation des acteurs locaux », a détaillé le Premier ministre.

À plusieurs reprises, Michel Barnier a appelé à « un décloisonnement » et à un « travail en commun », « en réseau », « au service de la population ». Cette logique s’appliquera au gouvernement : « Le ministre en charge de la coordination interministérielle s'assurera que tous les ministères fassent de la santé mentale leur affaire », a insisté Michel Barnier, mentionnant l'éducation, le logement ou encore le sport.

Le secteur bénéficiera aussi d’un effort en faveur de la recherche. Le chef du gouvernement a annoncé le lancement d'un appel à projets, doté de 10 millions d'euros dans le cadre du plan France 2030, « pour faire émerger des technologies de santé numériques innovantes comme la télésurveillance à domicile ou des équipements connectés ».

D’autres pistes figurent dans la note du Haut-Commissariat au plan, dont le plan d’action vise à « répondre à l’urgence et préparer l’avenir », a expliqué le Haut-Commissaire, François Bayrou. Chaque année, une personne sur cinq est touchée par un trouble psychique ou psychiatrique, a-t-il rappelé. Le suicide est par ailleurs la 4e cause de mortalité chez les adolescents et la première chez les jeunes mères (de la grossesse à la première année de l’enfant). « Ces fragilités sont insupportables, inacceptables », a insisté François Bayrou.

Déployer une offre « graduée »

Parmi les mesures présentées par le Haut-Commissariat comme le « socle sur lequel reconstruire des prises en charge graduées et efficaces », l’intervention précoce figure en bonne place, avec des propositions pour consolider la détection périnatale via les sages-femmes et les gynécologues lors des 1 000 premiers jours de l’enfant, et intégrer le repérage des troubles aux objectifs des visites obligatoires à 3 ans et 6 ans, « à l’instar de ce qui se pratique déjà lors de la visite en classe de 6e ».

Côté formation, le rapport envisage pour les médecins généralistes que les questions de santé mentale soient intégrées dans leur 4e année de spécialité. Ces soignants de première ligne sont aussi à impliquer dans la reconstruction des parcours de soins avec en ligne de mire le déploiement d’une offre « graduée ». Pour les accompagner, la note stratégique suggère la mise en place d’un numéro de téléphone dédié au contact direct avec un psychiatre et l’instauration d’une tarification spécifique « plus incitative » pour les consultations dédiées aux soins psychiques.

Ces mesures permettraient d’élargir l’accès aux soins psychiques et psychiatriques, alors que le secteur souffre toujours d’un déficit d’attractivité. En 2024, 13,3 % des places d’internes en psychiatrie sont restées vacantes, ce qui correspond à 65 postes sur les 489 disponibles. Le Haut-Commissariat évoque à cet égard la possibilité de revaloriser la consultation d’un psychologue dans le cadre du dispositif « MonSoutienPsy ».

Sur l’attractivité, la ministre Geneviève Darrieussecq plaide pour redonner du « sens et de la reconnaissance » au secteur et pour la mise en place d’une organisation graduée pour soulager la psychiatrie. La note du Haut-Commissariat porte une « ambition à traduire en actes », a-t-elle commenté.

EB avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr