DE NOTRE CORRESPONDANTE
L'ASSOCIATION Solidarité Réhabilitation, qui uvre pour la réhabilitation des patients souffrant de schizophrénie, présidée par le Pr Christophe Lançon, a organisé à Marseille la première journée « Réhabilitation et santé mentale ». Ce fut aussi l’occasion de présenter au public et aux professionnels de santé les résultats de l'enquête « Santé mentale en population générale » à Marseille-Sud, coordonnée par l'AP-HM et l'Institut de formation en soins infirmiers Suden2005.
Les résultats de cette recherche-action, qui visait à évaluer la prévalence des troubles mentaux dans la population de plus de 18 ans dans les quartiers sud de Marseille et à décrire les représentations liées à la maladie mentale, ont surtout mis en évidence dans cette partie de la ville une santé mentale plus fragile que celle de la moyenne de la population française : 34,5 % au lieu des 32. « Cela concerne surtout les troubles anxieux, qui sont plus importants qu’en moyenne nationale, et les conduites addictives, ce qui n’est pas anormal dans une grande ville », commente le Pr Christophe Boulanger, psychiatre (Hôpitaux sud, service de Pr Lançon).
Les données socio-démographiques, les caractéristiques économiques et de revenus expliquent en grande partie cette situation. L’enquête montre surtout que les personnes les plus à risque de troubles anxieux sont les femmes. Sans faire de corrélation trop rapide, « on remarque tout de même que les aides pour des femmes qui se séparent de leur conjoint ou des mères isolées se réduisent, il existe de moins en moins de structures béquilles pour les accompagner. Les personnes âgées qui développent des troubles anxieux évoquent aussi une grande solitude. »
Quant à la représentation de la maladie mentale, si la dépression est plus connue, les personnes interrogées pour l’étude associent souvent la représentation du fou et du malade mental à de la dangerosité et de l’anormalité. Selon la grande majorité de la population, le fou est exclu de la société, inconscient de son état et non responsable de ses actes. La plupart pensent que la folie ne se guérit pas et seulement 30 % seraient prêtes à accueillir chez elles un proche fou.
Déstigmatiser les schizophrènes.
« Notre cheval de bataille, poursuit le Pr Boulanger, concerne avant tout la schizophrénie. Comment faire pour que cette maladie, qui est à la fois neurologique, psychiatrique ne soit pas associée à la folie, la bizarrerie, la différence. Reconnaître la maladie, c’est faire tomber les préjugés et déstigmatiser les malades, comme on l’a fait avec le sida dans les années 1980. Sauf qu’on est en 2009 et qu’on est très loin de tout ça, on communique à peine sur la maladie schizophrénique. »
Le Pr Boulanger, dans sa pratique quotidienne, défend l’idée d’une psychiatrie hors les murs. « Sinon, ce serait un retour en arrière fantastique, comme dans les années 1920, avec de grosses structures asilaires. Maintenant on va avoir affaire à une psychiatrie à deux vitesses : les gens les plus vulnérables, avec un risque de décompensation, seront hospitalisés dans des unités sécurisés, et d’autres, pas forcément moins malades, mais plus adaptés au contexte social, pourront bénéficier d’une psychiatrie moderne. » La question est plus que jamais d’actualité.
«Le problème est que, face à une pathologie aiguë, on a tendance à appliquer des solutions sécuritaires, qui risquent de se prolonger alors que l’état du patient évolue. Ce qui est proposé aujourd’hui, c’est de stigmatiser le patient et de l’enfermer dans une boite toute sécurité. Mais où est la ligne, à partir de quand peut-on dire qu’un patient n’est plus dangereux pour lui-même et pour la société ? Personne ne peut trancher avec certitude et si on enferme le patient, il aura très peu de chances de réhabilitation ensuite. » À l’hôpital Sainte-Marguerite, dans le service du Pr Lançon, cette politique de réhabilitation est menée depuis dix ans. Elle permet au patient de reprendre la responsabilité de sa vie. Un colloque national doit se tenir à Marseille sur le sujet en octobre.
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