La réhabilitation psychosociale (RPS) est un ensemble de thérapies (lire l’encadré) qui facilitent l’insertion sociale pour des personnes ayant des troubles psychiques. Elle vise, par des stratégies spécifiques, la prévention ou la limitation du handicap psychique. Elle privilégie toujours le retour dans le milieu ordinaire, avec plus ou moins d’étayage. La RPS suppose un travail en réseau, qui va englober les différents acteurs du parcours de vie – éducatifs, sociaux et médico-sociaux – pour soutenir l’autonomie et accompagner cette insertion. Elle permet la mise en œuvre du projet global de réhabilitation pour guider vers le rétablissement.
De nombreuses populations cibles
La RPS est préconisée dès les premières difficultés psychologiques chez les sujets à haut risque de développer une psychose, mais aussi dans les handicaps psychiques sévères : schizophrénie, bipolarité, troubles complexes du neurodéveloppement. Elle aide aussi pour les troubles du spectre de l’autisme, l’anorexie mentale, les troubles anxieux ou obsessionnels compulsifs sévères, le déficit de l’attention avec hyperactivité ou les troubles des apprentissages chez l’enfant ou l’adulte.
Dans la schizophrénie ou la bipolarité, sans un traitement médicamenteux bien ajusté (ni trop sédatif ni impactant la motricité), on ne peut envisager un parcours en RPS. Cependant, le traitement n’est pas toujours un préalable pour d’autres troubles psychiques. La plupart des personnes ayant des difficultés psychologiques débutantes ont besoin non d’un traitement pharmacologique, mais d’une thérapie de gestion du stress ou d’affirmation de soi, d’entretiens motivationnels pour arrêter des toxiques éventuels, ainsi que de programmes de remédiation cognitive pour reprendre le chemin du lycée ou des études.
Dans le cas des troubles du spectre de l’autisme, une personne peut ne pas avoir besoin de traitement, mais d’aide pour améliorer ses capacités attentionnelles, ses fonctions exécutives, notamment sa flexibilité, ses interactions sociales ou sa compréhension des conventions sociales. Et un enfant ayant un déficit de l’attention pourra être aidé par de la remédiation cognitive basée sur du neurofeedback.
Enfin des lettres de noblesse
La RPS – notamment la remédiation cognitive – a opéré une petite révolution dans les soins en psychiatrie. Modifiant le pronostic à long terme de pathologies dévastatrices telles que la schizophrénie, mais améliorant aussi les remaniements cérébraux liés à la pathologie, elle a définitivement gagné ses lettres de noblesse et sa place parmi les neurosciences cognitives.
PH, responsable du C3RP, centre ressource en remédiation cognitive et réhabilitation psychosociale, CH Sainte-Anne (Paris) Amado I, Sederer L. Implementing cognitive remediation programs in France: The “secret sauce”. Psychiatr Serv. 2016 Jul 1;67(7):707-9 Franck (N.). Traité de réhabilitation psychosociale. Elsevier, 2018, 912 p. Amado I. Détection précoce et réhabilitation. La place d’un dispositif spécifique. Ann Med Psychol. 2018;176(1):80-83
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