A PRIORI, les symptômes anxieux sont pourtant bien connus mais, souligne le Pr Boulenger, ils ne sont pas spécifiques. En particulier les symptômes cardiovasculaires (palpitation, tachycardie, douleurs précordiales diffuses, augmentation de la pression artérielle…), « On dit souvent que l’anxieux désigne sa précordialgie avec un doigt et le cardiaque avec la main, mais mon expérience me montre que cette dichotomie ne correspond pas à la réalité. Le terrain, en l’occurrence une femme jeune, est beaucoup plus évocateur de l’anxiété. »
Parmi tous les autres symptômes respiratoires, neurologiques, digestifs ou autres, le Pr Boulenger insiste, sûr les insomnies (surtout des difficultés d’endormissement) mais aussi sur les sensations vertigineuses qui, bien que non rotatoires, ne sont mises sur le compte de l’anxiété qu’au terme d’un long et coûteux parcours de soin.
Rechercher les dimensions psychologiques et comportementales.
Ainsi la symptomatologie anxieuse est à la fois relativement banale et peu spécifique, ce qui impose de rattacher ces symptômes aux dimensions psychologiques et comportementales de l’anxiété.
La dimension psychologique comprend une appréhension, une tension, une « veille » inquiète mais aussi une irritabilité, une impatience. À l’extrême s’installe une véritable angoisse, voire un état de panique.
La dimension comportementale est plus difficile à reconnaître mais elle est essentielle, d’autant qu’elle est source de handicap professionnel et social : inhibition, agitation, maladresse, fuite, évitement de situations ou d’activités, recherche répétée de réassurance, d’aide et de sédation (alcool).
Cette démarche diagnostique est d’autant plus importante que l’anxiété un « stimulant » normal de l’être humain et qu’elle ne devient pathologique que dans la mesure où elle engendre des symptômes gênants et/ou un handicap social.
Compléter la démarche diagnostique.
La démarche diagnostique doit aussi rechercher les symptômes spécifiques de l’anxiété pathologique : épisodes aigus d’anxiété qui peuvent être isolés réactionnels, ou s’inscrire dans une anxiété généralisée, émaillée de rechutes ; anxiété phobique ; obsessions et compulsions, au premier plan.
La recherche étiologique comporte, bien sûr, la recherche d’affections médicales (en particulier l’hyperthyroïdie qui touche, elle aussi, la femme jeune) et d’anxiété d’origine toxique (caféine, stimulants, alcool, drogues) ou iatrogène (stimulants), sans oublier que l’anxiété peut s’intégrer à de nombreux troubles psychiatriques. Mais plus généralement, le Pr Boulenger reconnaît que l’on accorde aujourd’hui plus d’importance au terrain, à une « vulnérabilité » que l’on peut déceler à travers des antécédents personnels ou familiaux : sans aller jusqu’à l’espoir d’individualiser un gène de l’anxiété, poursuit le Pr Boulenger, car cette dernière est souvent la conséquence d’événements vécus par des individus plus vulnérables. « D’ailleurs, poursuit-il, même dans la schizophrénie, 50 % des jumeaux homozygotes, seulement, présentent la maladie. »
Deux éléments clés pour guider le traitement.
Enfin, le Pr Boulenger, qui est expert auprès de la commission de la Transparence insiste sur deux éléments qui vont guider les choix thérapeutiques. La coexistence d’un état dépressif qui s’accompagne de symptômes permanents, à commencer par la tristesse - d’un retentissement fonctionnel marqué altérant la vie de relation (motricité, fonctions cognitives, sexualité…). L’existence d’un risque suicidaire doit faire donner la priorité à cet état dépressif en sachant que les troubles anxieux peuvent avoir, en eux-mêmes, des répercussions dépressives.
Enfin, car on l’a dit, l’évaluation de l’intensité du handicap fonctionnel lié aux symptômes anxieux influencera la réponse thérapeutique, selon que cette intensité est légère, modérée ou marquée. En sachant que, dans tous ces cas, les benzodiazépines rendent des services incontournables et démontrés, en soulageant rapidement les malades.
* Réunion organisée avec le soutien institutionnel du laboratoire Sigma Tau.
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