Les recherches en imagerie cérébrale ont montré que de nombreux troubles psychiatriques, en particulier la schizophrénie, sont associés à des anomalies du développement du cerveau (2). La mise au point de méthodes d’imagerie cérébrale non-invasives, comme l’imagerie par résonnance magnétique (IRM), autorisant un suivi longitudinal de l’anatomie du cerveau, a permis de mettre en évidence des déviations de la maturation cérébrale pendant, mais également avant, l’émergence du trouble schizophrénique (3). Plus récemment, le développement de méthodes sophistiquées d’analyse informatisée des IRM cérébrales a ouvert des perspectives nouvelles pour détecter de manière rétrospective des atteintes cérébrales fœtales à partir d’anomalies dans l’organisation spatiale des plis (ou sillons) du cortex cérébral (4).
Un lien avec les symptômes
L’analyse du cortex cingulaire antérieur (ACC) chez des sujets sains a montré qu’une asymétrie de plissement entre les deux hémisphères était associée à un meilleur fonctionnement exécutif (5). Notre étude chez des patients souffrant de schizophrénie révélant une perte d’asymétrie des sillons de l’ACC chez les patients a permis d’établir un lien entre les déficits exécutifs observés dans la maladie avec des atteintes cérébrales précoces (6). Nous avons également montré que le développement cérébral précoce influençait la symptomatologie clinique. Nous avons en effet détecté des anomalies du plissement cortical dans des régions impliquées dans le langage chez des patients schizophrènes avec des hallucinations acoustico-verbales (7). Des anomalies de plissement ont également été associées à la phénoménologie des hallucinations, comme la localisation spatiale (à l’intérieur ou à l’extérieur de la tête) [8] ou l’attribution (à soi ou à autrui) [9] des voix. Enfin, nous avons également observé une augmentation des anomalies de plissement chez les patients avec des hallucinations visuelles (voir figure), suggérant que la sévérité clinique plus importante ainsi que les déficits fonctionnels plus marqués, chez les patients avec des hallucinations visuelles, pourraient être associés à une vulnérabilité neurodéveloppementale plus importante dans ce sous-groupe de patients (10).
(*) Université Paris Descartes ; IUF INSERM U8942
(**) SHU, CH Sainte-Anne ; INSERM U894
(1) Woolley J et al. Advances in Psychiatric Treatment 2005
(2) Rapoport JL et al. Mol Psychiatry 2012
(3) Giedd JN et al. Neuron 2010
(4) Cachia A et al. Dev Cogn Neurosci 2016
(5) Cachia A et al. J Cogn Neurosci 2014
(6) Gay O et al. J Psychiatry Neurosci 2016
(7) Cachia A et al. Neuroimage 2008
(8) Plaze M et al. Schizophr Bull 2011
(9) Plaze M et al. Schizophr Res 2015
(10) Cachia A et al. Mol Psychiatry 2015
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