À quelle fréquence les établissements de santé mentale ont-ils réellement recours à la contention psychiatrique ? Quelle est l’incidence de cette pratique sur les soignants ?
Treize hôpitaux de la région Occitanie analysent pendant 1 an les situations de recours à la contention psychiatrique et les effets de cette pratique sur patients et soignants.
Depuis janvier 2016, la loi de modernisation du système de santé – et en particulier l’article 72 – prévoit certes d’encadrer ces pratiques, avec notamment l’obligation dans chaque établissement de santé mentale de tenir un registre de recensement. Mais dans les faits, les choses ont du mal à se mettre en place, selon des psychiatres toulousains qui viennent de lancer la première étude d’envergure sur le sujet.
« Cette loi est récente, ces registres sont encore rares et la loi est parue sans décret d’application* », pointe Raphaël Carré, psychiatre au CHR Gérard-Marchant, à Toulouse, l’un des protagonistes de cette enquête. Le soignant, particulièrement attentif à ce sujet, en avait fait son sujet de thèse dès 2014. Il estime que « la contention fait l’objet de nombreux fantasmes, alors que nous ne disposons en France d’aucune étude chiffrée sur le sujet. C’est pourquoi nous lançons cette enquête qui ne s’appuiera pas sur les registres de la loi », poursuit-il.
Un regard croisé sur la contention
L’étude toulousaine sera coordonnée par le Dr Radoine Haoui, président de la conférence régionale des présidents de CME, et Raphaël Carré. Elle sera menée au sein de 13 hôpitaux membres de la Fédération de recherche en psychiatrie et en santé mentale d’Occitanie (FERREPSY), et réalisée en partenariat avec l’Observatoire régional de santé qui propose un portail spécifique de recueil des données.
L’originalité de cette enquête est son double positionnement. L’objectif est en effet d’obtenir non seulement des données chiffrées sur le nombre de recours à cette pratique et leur contexte ; mais aussi de mesurer le vécu des soignants sur ce sujet.
Ce dernier volet sera mené sous forme d’entretiens auprès d’une quarantaine de soignants. « Il est important de mesurer le vécu des soignants pour comprendre le processus de prise de décision dans les services », estime Raphaël Carré qui espère « mieux appréhender cette prise en charge et mettre en place à terme un observatoire régional sur le sujet. »
* Une circulaire, à l'étude, suscite l'inquiétude du Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH)
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