LA PREMIÈRE expérience mondiale était attendue depuis l’an passé. Le « Quotidien » l’avait alors annoncée (notre édition du 19 mars 2009). Le Dr Redha Souilamas, à l’hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP, Paris), expliquait alors que les premiers tests d’un prototype mobile d’évaluation et de conditionnement des greffons pulmonaires allaient commencer. En l’espace d’un an, l’équipe parisienne est passée de l’étape animale à l’essai humain, jeudi dernier. « Grâce à cette machine mobile, l’Organ Care System, nous avons pu conditionner et évaluer le poumon sur le site du don. Prélevé sur un donneur multiorgane et récusé pour la transplantation, ce poumon aurait pu être implanté. Il ne l’a pas été en l’absence des autorisations nécessaires. »
20 % des greffons pulmonaires sont acceptables.
Depuis plusieurs années l’équipe de Redha Souilamas travaille sur le conditionnement ex vivo des poumons récusés pour la transplantation. Une nécessité impérieuse quand il rappelle que « seulement 20 % des greffons pulmonaires sont acceptables… Notre technique permettra de doubler le nombre d’organes utilisables ».
L’an passé, l’équipe réussissait à améliorer des organes refusés grâce à un caisson fixe, situé dans le centre de transplantation.Mais ce premier pas était entaché d’une phase délétère pour l’organe : le transport depuis le site de prélèvement dans de la glace, responsable d’ischémie-perfusion. « Cette machine mobile nous évite le refroidissement du greffon. En plus, le poumon est immédiatement évalué, perfusé et ventilé. Grâce à cette mise en condition, le délai de transport peut être élargi et la transplantation n’est plus effectuée dans l’urgence. » R. Souliamas rappelle qu’auparavant, une fois le poumon prélevé, il fallait l’acheminer au plus vite vers le service de greffe avec obligation de mettre à disposition des chirurgiens un bloc opératoire, un appareil de circulation extra-corporelle… soit jusqu’à douze heures d’attente.
Maintien des fonctionnalités du greffon.
Les avantages de ce qu’on peut assimiler à une couveuse de transport de prématurés sont multiples. Outre le sauvetage de greffons et la tolérance sur les délais de transport, l’Organ care system automatise les procédures. Il est programmé et assure le contrôle de ses statuts bioénergétiques. Ce qui assure « une reproductibilité et donc un élargissement à la pratique clinique standardisée ». La réimplantation pourra devenir un acte programmable. L’optimisation des conditions de travail des équipes médico-chirurgicales, rendra obsolète le refus de greffe pour des raisons logistiques.
Visionnaire, R. Souilamas voit dans cette technique mobile l’outil qui permettra d’utiliser des greffons pulmonaires prélevés sur des donneurs à cœur arrêté, si l’interdiction actuelle en France est levée. Il y voit aussi la possibilité de rendre la transplantation pulmonaire accessible aux patients « au moment où l’indication est posée, c’est-à-dire dans des conditions optimales ».
Pour l’instant le chirurgien vient de réaliser le premier essai humain. Il devra en réaliser quelques autres avant de passer à la phase clinique proprement dite. Mais il explique avec plaisir qu’il n’aura pas à effectuer de phases préparatoires chez l’animal. « Cela va nous faire gagner du temps. » En effet, depuis un an, les tests réalisés sur le porc aux États-Unis, l’en dispensent.
Quant à prédire la première transplantation issue de la technique « le délai reste difficile à évaluer » répond-il évasivement. Mais il complète en évoquant l’engouement provoqué par son travail, au cours d’un récent congrès à Londres, dans le monde de la transplantation pulmonaire. Pour ce qui est de cette première expérience, elle devrait être décrite dans quelques jours à Chicago au cours d’une autre réunion.
Le Dr Souilamas conclut en ajoutant que la technique de conditionnement permet même d’améliorer la qualité des greffons acceptés. Il insiste sur le fait que ce travail n’aurait pas été possible sans le soutien de l’AARM et de la société Transmédics qui a mis au point l’appareillage.
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