Annoncée au départ pour la fin 2014, l’expérimentation du programme de retour à domicile (Prado) pour la BPCO aura finalement lieu en 2015.
« Nous avons lancé, dès la fin d’année 2014, toute la phase préparatoire pour informer l’ensemble des acteurs et signer des conventions avec les établissements concernés. Cette expérimentation va se dérouler sur neuf départements et dans onze établissements avec un potentiel de 3 000 patients. Les premières inclusions devraient être faites en avril et cette première phase d’expérimentation devrait durer environ six mois. On fera alors un bilan et c’est au vu des résultats qu’on décidera d’une éventuelle généralisation », explique la Dr Éléonore Ronflé, responsable de la direction des assurés au sein de la direction déléguée à la gestion et à l’organisation des soins à la caisse nationale de l’Assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAMTS).
C’est en 2010 que l’Assurance-Maladie a lancé son premier programme d’accompagnement du retour à domicile pour les sorties de maternité. « Ensuite, nous avons étendu ce programme en 2012 aux sorties d’hospitalisation pour certaines chirurgies orthopédiques pui,s en 2013, nous avons lancé une expérimentation chez les patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque », explique la Dr Ronflé. En 2014, l’Assurance-maladie a retenu l’idée de faire une expérimentation sur les patients hospitalisés pour une exacerbation de BPCO. « Ce programme n’a pas pour objectif de réduire la durée moyenne de séjour – qui actuellement est de dix jours chez les patients BPCO – mais d’améliorer la prise en charge des patients après hospitalisation sur la base des recommandations de la HAS, afin notamment de réduire les risques de réhospitalisation et de mortalité associés. Le but est d’anticiper les besoins du patient qui retourne au domicile et de fluidifier le parcours hôpital-ville », indique la Dr Ronflé.
Ce projet, élaboré en partenariat avec la société de pneumologie de langue françaiseet la fédération française de pneumologie s’appuie sur les préconisations de la Haute Autorité de santé (HAS) sur le parcours de soins du patient BPCO publié en 2012. « À partir de l’observation de la consommation de soins de 56 000 patients hospitalisés pour une BPCO en 2011 (1), nous avons fait le constat qu’un certain nombre de ces préconisations n’étaient pas respectées et que le suivi pouvait être amélioré. Nous avons pu établir que 33 % n’avaient pas consulté leur médecin traitant dans les sept jours suivant leur sortie de l’hôpital. Par ailleurs, 71 % des patients n’avaient pas consulté leur pneumologue dans les 3 mois. Et respectivement, 49 et 72 % des patients n’avaient pas bénéficié de soins infirmiers et de kinésithérapie dans les deux mois », détaille la Dr Ronflé.
Le non-respect de ces recommandations entraîne souvent une réhospitalisation avec un risque relativement élevé de décès. « Les exacerbations (…) ont été responsables d’une hospitalisation pour environ 95 000 personnes en 2011 et 43 % des patients ont été réhospitalisés dans les 6 mois », souligne la HAS dans un document de mai 2014.
Médecin traitant
L’expérimentation sera menée par des conseillers de l’Assurance-maladie. « Ils vont d’abord travailler en lien avec l’équipe de pneumologues hospitaliers qui leur indiqueront les patients éligibles à ce programme. Les conseillers iront ensuite à la rencontre des patients pour leur présenter le projet et leur demander s’ils souhaitent y prendre part. En cas de réponse positive, les paramédicaux (infirmiers, kinésithérapeutes) choisis par le patient seront contactés par le conseiller. Toute cette phase se fera bien sûr en lien avec le médecin traitant qui occupe une place centrale dans le suivi du patient. Un médecin conseil de l’Assurance-maladie prendra contact avec lui pour l’informer de l’entrée de son patient dans le programme, l’impliquer dans la démarche et lui donner tous les documents d’accompagnement nécessaires », souligne la Dr Ronflé.
Le conseiller sera ensuite chargé d’organiser la prise en charge du patient à la sortie de l’hôpital. Elle s’organisera autour d’un tronc commun de deux mois avec une consultation chez le médecin traitant dans les 8 jours suivant la sortie, une consultation de suivi par un pneumologue dans le deuxième mois, une séance hebdomadaire de suivi et d’éducation avec l’infirmier et autant de soins de kinésithérapie que nécessaire. « La durée du programme pourra être plus longue si l’état du patient le nécessite. Selon le besoin identifié, des services d’aide à domicile pourront être proposés au patient », indique la Dr Ronflé, en précisant que la décision de généraliser ou non le programme devrait être prise à la fin 2015.
D’après un entretien avec la Dr Éléonore Ronflé, responsable de la direction des assurés au sein de la Direction déléguée à la gestion et à l’organisation des soins à la Caisse nationale de l’Assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAMTS)
(1) Source : SNIIRAM
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024