L’hypotrophie par retard de croissance intra-utérin (RCIU) due à l’exposition à la pollution atmosphérique (PA) de la mère pendant la grossesse entraînerait un coût annuel de 1,2 milliard d’euros.
C’est ce que révèle une étude menée par des chercheurs INSERM/Sorbonne Université de l’équipe d’épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires (EPAR), dont les résultats sont publiés dans les « Archives de Pédiatrie ». « Nous savons que les effets de la PA vont bien au-delà des effets respiratoires, et peuvent être cardiovasculaires, métaboliques, etc. », explique au « Quotidien » le Dr Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche INSERM et auteure principale de l’étude.
« Sur les enfants, l’effet commence très tôt, dès la vie in utero, entraînant en particulier un faible poids de naissance », poursuit-elle. Ce faible poids de naissance a des conséquences en termes de pathologies (asthme, pathologies cardiaques, métaboliques…) mais les auteurs se sont ici penchés sur les conséquences en termes de handicap et de déficience intellectuelle. Ils indiquent ainsi qu’un quart des hypotrophes présent un retard de développement intellectuel.
Les auteurs ont cherché à connaître, d’après les chiffres de l’année 2012 en France métropolitaine, les coûts associés à l’hypotrophie attribuable à la pollution particulaire (PP), et plus particulièrement à l’exposition aux particules fines de taille inférieure à 2,5 mm, les PM2,5. Ils présentent une estimation monétaire des coûts pour les systèmes de soins et de prise en charge des enfants hypotrophes. « Nous avons restreint l’analyse à la pollution particulaire car il s’agit de celle qui est la plus documentée », précise le Dr Annesi-Maesano.
45 % des naissances hypotrophes dues à la pollution particulaire
Les auteurs ont commencé par dénombrer les enfants hypotrophes nés en France en 2012 (18 471 enfants, soit 2,3 % des 821 000 naissances). Ils ont ensuite estimé le nombre d’enfants hypotrophes attribuables à la PP, avant d’évaluer les coûts tangibles des séjours péri et postnatals en maternité attribuables à la PP et ceux de la prise en charge du handicap attribuable à la PP (par intervalle de points de QI).
D’après les chercheurs, environ 25 % des enfants hypotrophes doivent être « pris en charge pour un problème significatif nécessitant d’autres actes médicaux que la seule prise en compte des conséquences du RCIU » et « si la pollution par les PM2.5 était réduite à la seule valeur du bruit de fond, 8 292 naissances d’enfants hypotrophes auraient pu être évitées (mini 3 134–max 12 920), soit 45 % des naissances hypotrophes (17–70 %) ».
Des coûts sous-estimés
Les auteurs ajoutent que « le montant global de la prise en charge à la naissance de l’hypotrophie due à la PA était estimé à 24 602 295 euros pour tous les enfants avec ou sans séquelles », et que « l’ensemble des enfants nés en 2012 avec un retard mental attribuable à la PP coûte 1,2 milliard sur l’ensemble de leurs vies (mini 458 millions – max 1,9 milliard). »
Ils précisent aussi que cette étude sous-estime les coûts réels attribuables à la PA, car les RCIU ont été abordés sous l’aspect des seules conséquences cognitives. De plus, « nous nous sommes basés pour le coût de l’accompagnement tout au long de la vie sur les chiffres donnés par les institutions de prise en charge mais les familles supportent une large part de ces coûts et ils ne sont donc pas totalement pris en compte », ajoute le Dr Annesi-Maesano.
Protéger les femmes enceintes
Pour les auteurs, « il est nécessaire de mettre en place de vraies politiques d’amélioration de la qualité de l’air pour les générations futures », et « dans l’immédiat, il faut réfléchir à des moyens de protéger les femmes enceintes et leurs fœtus des expositions à la PA. Par exemple, dans un premier temps et a minima, les autorités sanitaires pourraient mettre en place une vigilance particulière des grossesses des femmes enceintes résidant et travaillant dans des zones de fortes expositions de PA. »
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024