L’IMC des enfants pèserait sur leur fonction pulmonaire à l’âge adulte

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Publié le 28/10/2024
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Une étude publiée par la European Respiratory Society montre qu’un IMC trop faible ou trop élevé dans l’enfance serait associé à une altération de la fonction pulmonaire à l’âge adulte.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Une étude publiée dans le journal de la European Respiratory Society montre qu’un indice de masse corporelle (IMC) anormal dans l’enfance, trop faible ou trop élevé, est associé à une altération de la fonction pulmonaire à l’âge adulte. Cette altération se traduit par des capacités pulmonaires réduites à l’âge adulte, résultant d’un développement anormal de la fonction pulmonaire pendant l’enfance. « Dans cette étude, la plus importante à ce jour, nous avons pu suivre des enfants de la naissance jusqu'à l'âge de 24 ans, couvrant ainsi toute la période de développement de la fonction pulmonaire », détaille Gang Wang, chercheur au Karolinska Institutet et premier auteur de l’étude, dans un communiqué. « Mais nous montrons que cette altération peut être compensée en normalisant l’IMC avant l’âge adulte ».

Des trajectoires d’IMC bien définies

L’étude a inclus 3 204 participants de la cohorte suédoise Bamse, un projet ayant suivi plus de 4 000 enfants de la naissance jusqu’à leurs 24 ans, et les a répartis en six groupes d’IMC : 1) IMC stable et normal (50,2 %), 2) IMC normal aux premiers âges puis augmentant (22,5 %), 3) IMC normal aux premiers âges puis diminuant (14,1 %), 4) IMC augmentant constamment et significativement (6,5 %), 5) IMC bas aux premiers âges augmentant par la suite jusqu’à la normale (4,4 %) et 6) IMC normal aux premiers âges puis augmentant significativement.

Avec en moyenne 10,5 mesures d’IMC par participant tout au long du suivi, les auteurs ont pu constater que dès l’âge de 2 ans, les groupes d’IMC commençaient à se dessiner, et qu’apparaissaient d’ores et déjà des anomalies du développement pulmonaire dans les groupes dont l’IMC s’écartait de la normale.

Par rapport au groupe à l’IMC stable et normal, les auteurs relèvent que les enfants des groupes 4 et 6 (avec augmentation significative) présentaient à l’âge adulte une obstruction pulmonaire, non retrouvée en revanche dans le groupe 5. Dans le groupe 3 (diminution de l’IMC), ils observent une insuffisance de croissance des poumons. La fonction respiratoire a été évaluée d’une part par des examens de spirométrie, et d’autre part par le taux d’histidine dans l’urine, cet acide aminé étant retrouvé chez les patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive ou d’asthme. Cependant, les auteurs font remarquer que la présente étude n’a pas exploré le lien entre IMC, histidine et troubles du développement pulmonaire.

Une situation réversible avec une intervention précoce

Pour les chercheurs, l’obstruction retrouvée dans le groupe 4 (IMC augmentant constamment et significativement) pourrait être due à une dysanapsis (inadéquation du calibre des voies aériennes et de la taille totale des poumons), ou bien à une accumulation du tissu adipeux au niveau de la poitrine et de l’abdomen ou encore à une augmentation de l’inflammation. Ils n’écartent pas non plus un rôle plus général de l’environnement ou de la génétique.

Concernant les groupes d’IMC en dessous de la normale, les auteurs conviennent que la sous-nutrition ou les retards de croissance peuvent se manifester par un poumon de petite taille. « Il est intéressant de noter que dans le groupe ayant un IMC initialement élevé mais normalisé avant la puberté, la fonction pulmonaire n'était pas altérée à l'âge adulte », font remarquer les auteurs. « Cela montre à quel point il est important d'optimiser la croissance des enfants à la fois au début de leur vie et pendant leurs premières années d'école et d’adolescence » et, ce, autant pour les IMC au-dessous de la normale qu’au-dessus.


Source : lequotidiendumedecin.fr