Le réchauffement climatique va conduire à « une augmentation des quantités de pollen » à l'origine de gênes ou d'allergies respiratoires, avertissent trois réseaux de suivi dans leur bilan annuel publié mardi, à l'occasion de la Journée française de l'allergie. Les 3 réseaux impliqués dans la surveillance des pollens sont la fédération des Associations de surveillance de la qualité de l'air (Atmo France), le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) et l'Association des pollinariums sentinelles de France (APSF).
« Cette augmentation est variable d'une espèce à l'autre et d'une région à l'autre, mais c'est une tendance que l'on a vu progressivement s'installer depuis 30 ans », explique au « Quotidien » un des responsables du RNSA. Cet hiver, la France connaît un déficit hydrique de l'ordre de 20 %, particulièrement marqué dans l'arc méditerranéen où il n'a pratiquement pas plus depuis le début de l'année. Ces conditions météorologiques « sont très favorables à l'augmentation des émissions de pollen qui ont battu tous les records depuis le début du mois d'avril ». Un épisode de chaleur exceptionnel en avril a permis aux bouleaux et aux cyprès de fleurir dans des conditions très favorables, ce à quoi ce sont ajoutés les pollens de platane et de chêne.
Une année 2018 « particulièrement dure »
Vice précisent du syndicat des allergologues, le Dr Édouard Seve est allergologues à Fontainebleau et participe au volet clinique du RNSA. Il constate depuis plusieurs années une corrélation entre les données sur les pollens collectés par les détecteurs du réseau et les données qui remontent des allergologues : une augmentation de la prévalence des allergies respiratoires, mais aussi une hausse de la fréquence et de la sévérité des épisodes allergiques. « L'année dernière a été particulièrement dure » se souvient-il. En 2018, le bilan des réseaux de surveillance fait état d'une exposition aux pollens de bouleau, au mois d’avril, « la plus forte de ces dix dernières années ».
Selon les données du Réseau SOS Médecins, au cours de la semaine du 4 au 10 mars 2019, les consultations pédiatriques pour des crises d'asthme ont augmenté de 22 % chez les enfants de moins de 15 ans et de 24 % pour les crises d'allergie, comparée à la semaine précédente. Elles sont au même niveau que l'année 2018.
Une conjugaison de plusieurs facteurs
Il voit dans cette situation la conjugaison de plusieurs causes en lien avec les modifications de l'environnement : « les hivers sont plus doux, et la nouvelle organisation des cultures en grandes parcelles de céréales et de graminées provoque des pics allergiques très sévères chez les patients qui y sont spécifiquement allergiques, énumère-t-il. On observe aussi des changements dans les espèces d'arbres : les forêts qui cumulaient plusieurs essences ont été remplacées par des concentrations de bouleaux et de pin, très allergènes. Enfin, certaines espèces de plantes comme l'ambroisie, qui ne poussaient que dans le sud de la France sont remontées jusque dans l'Yonne » ! Le dernier responsable est la pollution atmosphérique. « Elle génère une irritation bronchique permanente qui favorise l'apparition de nouvelles allergies, explique le Dr Seve. De plus, les polluants maintiennent les pollens plus longtemps dans l'air. »
Pour les patients allergiques, la multiplication des crises peut faire évoluer leur état clinique sur le long terme. « Cela peut commencer par une rhinite pour dériver vers un asthme avec le temps, précise le Dr Seve. Et même si on s'en tient au stade de la rhinite, les études montrent un impact significatif sur la qualité de vie. On estime que 25 % de la population française souffre d'une allergie, ce taux pourrait monter à 50 % en 2050 sous les effets du réchauffement climatique ! »
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