Pour assurer
une prise en charge optimale d’une maladie chronique, il est aujourd’hui primordial de miser sur l’interdisciplinarité. Telle est la conviction affichée par le Pr Bruno Housset, le président de la Fédération Française de Pneumologie (FFP), Créteil : « Ces dernières années, on a beaucoup entendu parler des collaborations interprofessionnelles. Ce concept a, par exemple, été largement mis en avant par la Haute autorité de santé (HAS). Mais dans ce cas, cette collaboration fait le plus souvent référence à une délégation de tâches entre deux catégories de professionnels de santé. L’interdisciplinarité, c’est vraiment le travail en commun de plusieurs professionnels partageant la même vision de la prise en charge d’une pathologie chronique. C’est une réflexion actuellement en cours » (1).
Selon le Pr Housset, ce travail en commun est aujourd’hui indispensable dans une pathologie comme la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). « Il s’agit d’une maladie chronique fréquente, qui dure dans le temps et fait intervenir de nombreux professionnels de santé, explique-t-il. Le pneumologue joue, bien sûr, un rôle important mais c’est d’abord le médecin généraliste qui est en première ligne pour identifier les patients puis, ensuite, jouer un rôle de pivot dans la prise en charge. On voit aussi que les pharmaciens, aujourd’hui, manifestent le souhait de s’investir davantage dans la BPCO pour participer au repérage de la maladie ou délivrer des conseils sur les dispositifs d’inhalation ».
Sans que cela soit exhaustif, le Pr Housset cite aussi les kinésithérapeutes, les infirmiers, les assistants sociaux ou les médecins du travail. « Ces derniers ont un rôle essentiel pour déterminer ce qu’un insuffisant respiratoire peut continuer à réaliser comme tâches et pour l’aider à gérer son activité professionnelle », souligne le président de la FFP, en insistant sur la nécessité d’écouter aussi les patients. « On le sait, aujourd’hui, les patients sont mieux informés et plus exigeants. C’est une très bonne chose, qui nous oblige à mieux coordonner l’action des différents professionnels que le patient va être amené à côtoyer tout au long de son parcours de soins », estime le Pr Housset.
Réseau organisé ou relations informelles ?
Actuellement, cette interdisciplinarité s’organise souvent sur deux niveaux différents. « Elle peut d’abord fonctionner dans le cadre d’un réseau de soins. Il s’agit d’un modèle qui est bien sûr intéressant mais qui, en général, est très formel et parfois un peu rigide. On sait aussi que les pouvoirs publics s’interrogent de plus en plus sur la pérennité du financement de certains de ces réseaux. L’autre modèle repose sur les relations qu’un médecin spécialiste, comme le pneumologue, peut entretenir avec ses différents correspondants. Il s’agit de relations souvent très informelles mais souvent efficaces. Le problème est que, bien souvent, on ne sait pas toujours qui fait quoi. Parfois, on sent qu’il y aurait vraiment besoin de s’asseoir ensemble autour d’une table pour discuter des attentes de chacun », indique le Pr Housset.
Ce dernier reconnaît qu’une plus grande formalisation de ces relations n’est pas simple à mettre en œuvre. « Une même organisation ne peut pas être appliquée partout de la même manière. Il faut tenir compte du contexte local et de la disponibilité des différents acteurs. Pour que cela fonctionne, il faudrait aussi qu’un professionnel assure un rôle de coordinateur. Mais là, on retombe encore et toujours sur l’éternel problème du financement et des modes de rémunération », indique le Pr Housset, convaincu que l’avenir de la prise en charge des maladies chroniques, qu’elles soient ou non respiratoires, passe nécessairement par un travail plus étroit entre les différents acteurs du soin.
D’après un entretien avec le Pr Bruno Housset, le président de la Fédération Française de Pneumologie (FFP).
(1) Kownator S. L’interdisciplinarité , Volume 8, n°69. Cardiologie Cardinale. 2014 Décembre;8(69):296–301.
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