Lancée en février 2013 par la Fédération française de pneumologie (FFP), l’étude Optisas s’est achevée six mois plus tard. Son objectif principal était de mesurer l’impact du télésuivi de la pression positive continue (PPC) sur l’observance de patients souffrant d’apnée du sommeil.
« Nous avons conduit deux études : Optisas I et II. Il s’agit là des deux plus grands essais randomisés menés au monde dans le domaine de l’apnée du sommeil avec au total plus de 500 patients inclus », précise le Pr Jean-Louis Pépin (CHU Grenoble), investigateur principal de ces deux essais. « Aujourd’hui, nous avons conduit un gros travail d’analyse de ces essais. Mais leurs résultats n’ont pas encore été publiés et nous devons donc rester prudents dans notre communication », ajoute-il.
L’essai Optisas I a été mené sur 206 patients symptomatiques avec des apnées sévères mais sans comorbidités. « Dans ce groupe, on ne retrouve pas d’effet significatif du télésuivi sur l’observance des patients. Quand on fait une analyse plus pointue, on constate que les patients qui pourraient le plus répondre au télésuivi, sont ceux qui ont le moins de symptômes et ont une apnée la moins sévère. En clair, ceux qui, peut-être, auraient le plus besoin d’être encadrés », ajoute le Pr Pépin.
Dans l’étude Optisas II, 312 patients étaient inclus avec des apnées sévères et des comorbidités cardiovasculaires. « Dans le groupe des patients télésuivis, on est à la limite de la significativité pour l’observance. Concrètement, dans le bras télésuivi, on est à 5,28 heures d’observance contre 4,75 heures dans le groupe contrôle », détaille le Pr Pépin, tout en soulignant la nécessité de mettre en contexte les résultats d’Optisas I et II. « En France, avec la qualité de nos prises en charge, le niveau d’observance est particulièrement élevé dans le groupe contrôle. Dans notre étude, elle est proche de 5 heures alors qu’en moyenne, dans les études américaines ou anglaises, elle se situe entre 2 et 3 heures. Dans ce contexte, il est plus difficile de démontrer un effet significatif, en France, sur l’observance », indique le Pr Pépin.
Activité physique, pression artérielle
Dans l’étude Optisas II, les machines de PPC étaient équipées de différents capteurs qui, jusque-là, n’avaient jamais été utilisés dans le télésuivi. « Nous avons ainsi pu recueillir des données sur l’activité physique, la pression artérielle ainsi que sur les effets secondaires des patients, qui avaient la possibilité de mentionner l’amélioration de ces effets sur une tablette », indique le professeur Pépin. « Parmi les patients d’Optisas II, plus de la moitié étaient hypertendus, 18 % souffraient de pathologies coronaires et 15 % de troubles du rythme cardiaque. L’étude nous a permis de faire des diagnostics d’HTA chez des patients qui n’étaient pas connus comme hypertendus au moment de l’inclusion. Et chez les patients dont l’HTA était connue, on a constaté que 45 % n’étaient pas équilibrés par leur traitement ».
Il s’agit là d’un enseignement important de l’étude selon le Pr Pépin. « Quand on ajoute ce type de capteurs dans les plateformes de télémédecine, on arrive à beaucoup mieux caractériser les patients. Dans les deux bras d’Optisas II, on a constaté une amélioration de la pression artérielle du matin sous PPC : une amélioration systolique ou diastolique de 4 mmHg », indique le Pr Pépin.
D’après un entretien avec le Pr Jean-Louis Pépin (CHU Grenoble), investigateur principal des deux essais Optisas
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