DE NOTRE CORRESPONDANTE
« LES SANATORIUMS dédiés aux malades tuberculeux étaient placés traditionnellement dans des endroits ensoleillés qui semblaient aider les patients, mais personne ne savait, au fond, pourquoi cela était bénéfique. Nos résultats suggèrent qu’une élévation des taux de vitamine D grâce à une supplémentation pourrait améliorer la réponse immune aux infections comme la tuberculose », explique le Dr Mario Fabri qui a conduit ce travail de recherche à l’Université de Los Angeles (il est maintenant à l’Université de Cologne).
Considérée comme une urgence sanitaire planétaire par l’OMS, la tuberculose tue près de 2 millions de personnes chaque année et affecte particulièrement les immunodéprimés tels les sujets infectés par le VIH. Étant donné l’émergence des formes multirésistantes aux antituberculeux, il est important de mieux comprendre les mécanismes immunitaires qui nous permettent de combattre cette infection.
La vitamine D, une hormone (car elle influence le métabolisme, la fonction cellulaire et l’expression des gènes) synthétisée par l’organisme sous l’action des rayons UVB du soleil, est non seulement essentielle pour la santé osseuse, mais elle pourrait aussi protéger contre le cancer et les maladies auto-immunes, et aider à combattre les infections.
Immunité innée et immunité acquise.
Dans de précédents travaux, l’équipe de Robert Modlin (université de Los Angeles) avait découvert que la réponse immune innée (première ligne de défense contre l’infection), activée par les récepteurs Toll-like (TLR) sur les monocytes et les macrophages, déclenchait contre le bacille tuberculeux une réponse antimicrobienne dépendante de la vitamine D.
Une nouvelle étude de Fabri, Modlin et coll. démontre maintenant que la vitamine D est aussi cruciale pour la réponse immunitaire acquise contre le bacille tuberculeux.
L’interféron gamma (IFN-gamma), libéré par les cellules T, induit aussi dans les macrophages/monocytes une activité antimicrobienne qui dépend de la vitamine D. Le modèle proposé est le suivant : l’IFN-gamma induit, au sein des macrophages/monocytes, la production d’IL15 qui est requise pour activer le CYP27b1 ; cette activation entraîne la transformation intracellulaire de la 25OHD en vitamine D active, qui, en se fixant sur les récepteurs VDR, induit la production de peptides anti-infectieux (comme la cathélicidine), l’autophagie et la maturation des phagosomes ; cette séquence d’événements garantit ainsi que les peptides antimicrobiens sont délivrés dans les lysosomes ou résident les bacilles.
De façon surprenante, les mécanismes innés (TLR) et acquis (IFN-gamma dépendant) activent des récepteurs différents et des voies de signal différentes sur les macrophages, mais convergent très tôt sur la production d’IL15 et la voie en aval des peptides microbiens dépendante de la vitamine D.
« Ces résultats procurent le premier mécanisme crédible pour expliquer comment la vitamine D contribue à l’immunité acquise des cellules T qui nous protège des infections, comme la tuberculose », souligne le Dr Modlin.
Des quantités adéquates sont nécessaires.
L’activité antimicrobienne des macrophages déclenchée par l’IFN-gamma requiert toutefois des taux suffisants de vitamine D. Ainsi, cette activité antimicrobienne n’est pas déclenchée par l’IFN-gamma dans le sérum d’individus africains-américains qui présentent de plus faibles taux de vitamine D et sont plus susceptibles à la tuberculose. Mais, lorsque des quantités adéquates de vitamines D sont ajoutées à leur sérum, cette activité antimicrobienne est restaurée.
Il convient de noter que cette voie antimicrobienne n’existe pas chez la souris, un animal nocturne non exposé au soleil qui a donc évolué un mécanisme antimicrobien différent.
« Ces résultats suggèrent qu’une supplémentation en vitamine D pourrait être utile pour prévenir et traiter la tuberculose, mais de grands essais cliniques sont nécessaires pour le prouver », déclare au « Quotidien » le Dr Modlin.
Science Translational Medicine, 12 octobre 2011, Fabri et coll.
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