Cette année, la Journée mondiale de la BPCO a mis l’accent sur les facteurs de risque précoces dans le développement d’une BPCO à l’âge adulte. Les premiers articles évoquant un lien entre BPCO datent des années 90. La relation entre BPCO à l’âge adulte et faible poids de naissance ou retard de croissance utérin pose alors question.
Pour une étude publiée en 2006, l’exposition au tabac in utero est associée à une altération du VEMS à l’âge de 12 ans. Ce résultat avait déjà été observé dans la vaste enquête européenne ECRHS (European Community Respiratory Health Survey) de 2004. Dans cette cohorte de 20 000 sujets de 20 à 44 ans, dont 15 000 avaient été soumis à une exploration fonctionnelle respiratoire (EFR), les facteurs d’exposition anté- et postnatals étaient corrélés à la fonction respiratoire. La vulnérabilité à l’exposition au tabagisme in utero puis dans l’enfance différait suivant le sexe, les femmes étant plus vulnérables à l’exposition prénatale et les hommes à l’exposition infantile (1).
Des études concordantes
En 2014, le suivi d’une cohorte prospective longitudinale de 350 asthmatiques âgés de 5 à 7 ans a montré qu’à l’âge de 50 ans, ceux qui avaient un asthme sévère à l’entrée ont développé 30 fois plus de BPCO à l’âge adulte, alors que la moitié n’avaient jamais fumé. Selon une étude longitudinale parue en 2018 portant sur 2 500 participants ayant eu au moins deux EFR entre 7 et 53 ans, pour les trois quarts des adultes ayant une BPCO, celle-ci était en partie liée à des facteurs de risque modifiables dans l’enfance, en particulier le tabagisme actif ou passif, l’allergie mais aussi l’asthme (2). C’est pourquoi éviter l’exposition au tabagisme passif dès la grossesse, réduire la sensibilisation allergique et contrôler l’asthme dès l’enfance pourrait permettre de minorer le risque de développement de BPCO à l’âge adulte.
Au-delà de l’exposition au tabac et de l’asthme, d’autres facteurs de risque majorent dès l’enfance le risque de développer une BPCO. La dysplasie bronchopulmonaire du grand prématuré, une faible prise de poids durant l’enfance et les pneumopathies infantiles tendent à réduire le VEMS de l’adulte. Mais une diversité de trajectoires a été mise en évidence. En grandissant, la majorité des enfants ayant un VEMS initialement bas ou inférieur à la moyenne retrouvent une EFR normale ou subnormale.
Communication « BPCO, jamais trop tard, jamais trop tôt » au congrès de l’ERS, septembre 2018
(1) Svanes C et al. Parental smoking in childhood and adult obstructive lung disease: results from the European Community Respiratory Health Survey. Thorax. 2004;59:295-302. https://thorax.bmj.com/content/thoraxjnl/59/4/295.full.pdf
(2) Bui DS et al. Childhood predictors of lung function trajectories and future COPD risk: a prospective cohort study from the first to the sixth decade of life. Lancet Respir Med. 2018;6(7):535-544
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